
(...) Le gouvernement israélien nous a entraînés au fond de l’absurde, usant de toute sa force de persuasion diplomatique pour prévenir la reconnaissance d’un État palestinien, alors qu’il en va de l’intérêt stratégique d’Israël que la Palestine soit reconnue en tant qu’État.
(...) C’est une “marche folle” [1] qui nous a conduits là : la politique d’implantations de ce gouvernement et de ceux qui l’ont précédé, ainsi que l’incapacité de Benyamin Netanyahu à entreprendre des négociations sincères avec la direction palestinienne modérée de Ma’hmoud Abbas et Salam Fayyad, à faire des concessions (comme il était prévisible) ou à geler la construction dans les zones occupées.
La reconnaissance d’un État palestinien est aussi importante pour Israël que pour les Palestiniens. Pour qu’Israël continue à fonctionner en État juif et démocratique, il lui faut promouvoir un droit symétrique à l’autodétermination pour les Palestiniens. (...)
Tous nos Premiers ministres l’ont admis depuis la Déclaration de principes d’Oslo. Continuer à dominer la population arabe de Cisjordanie se soldera par son incorporation de facto au sein du corps politique israélien, érodant l’indispensable masse critique d’une majorité juive.
En termes de relations internationales, la reconnaissance par les Nations unies d’un État palestinien viendrait compléter, clarifier et confirmer le droit du peuple juif à son autodétermination en Israël et ferait beaucoup pour mettre fin aux accusations croissantes d’illégitimité, non seulement de la part de nations musulmanes hostiles, mais encore d’acteurs neutres et parfois amicaux. (...)
Souhaitons que la décision de Netanyahu de se rendre en personne à l’Assemblée générale, plutôt que d’envoyer le président y faire une déclaration purement diplomatique, soit le signe de sa volonté d’ouvrir des négociations intensives. Une vision optimiste pourrait nous conduire à espérer que leur objet soit de soumettre à l’Assemblée générale une requête conjointe israélo-palestinienne de reconnaissance de l’État palestinien.
Une telle initiative, tout en répondant aux intérêts stratégiques d’Israël, influencerait ceux des membres de la communauté internationale qui se préoccupent sincèrement du statut de la Palestine et condamnent avec vigueur la poursuite de l’occupation, mais défendent l’existence d’Israël et entendent la garantir.
(...) Wikio