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le grand soir
"Il est absurde de proposer la dissolution de l’État. Il y a un temps pour critiquer, et un temps pour gouverner"
Le philosophe Enrique Dussel, (Mendoza, Argentina, 1934) professeur de l’Université Nationale Autonome du Mexique et chercheur de l’Université Autonome Métropolitaine
Article mis en ligne le 10 janvier 2011
dernière modification le 7 janvier 2011

Dussel considère qu’à ce stade de maturation des processus latino-américains, avec une majorité de gouvernements de centre-gauche, il est essentiel d’élaborer une théorie apte à la réalité actuelle. Théorie de la libération, innovatrice, critique, créative, qui travaille non sur la destruction de l’État comme l’ont pensé les marxistes classiques mais sur comment conférer des contenus de démocratie participative aux pouvoirs politiques qui gouvernent aujourd’hui.

(...) Dans la résistance électronique aux banques qui ont puni Wikileaks, le penseur voit un véritable saut : la révolution des médias électroniques équivaut au moment où est apparu la machine à vapeur et a détonné la révolution industrielle. C’est une révolution politique parce que ce média va changer le processus de prise de décisions politiques. A présent les gens peuvent entrer en contact et participer aux décisions d’une manière incroyable et instantanée. Cela ne s’était jamais produit. (...)

Traditionnellement la gauche a critiqué le pouvoir comme facteur de domination. Je dis : le pouvoir politique n’est pas de domination, il réside dans le peuple, dans le consensus populaire. Les institutions ne sont pas le lieu du pouvoir, mais de leur délégation. Quand les institutions croient qu’elles en sont le siège, c’est du fétichisme. (...)

À présent, grâce aux médias électroniques, nous avons pour la première fois dans l’histoire humaine un instrument de réseau qui permet l’organisation de ce contrôle participatif. Il y a des mouvements sociaux comme le zapatisme qui ont une grande sensibilité sur ce thème de la participation. Parce que c’est là oú s’exprime la voix du peuple. Mais il faut repenser la représentation dans un moment créateur. Il ne faut pas confondre les temps, il y a un temps pour critiquer et un temps pour gouverner. (...)

Celui qui exerce le pouvoir a beaucoup de tentations d’en profiter. C’est pour cela qu’il faut créer des organismes de participation pour contrôler. (...)

Nous avons beaucoup à récupérer des ces peuples, que jusqu’ici la gauche n’a pas su considérer. En 1994 le zapatisme fut une commotion pour de nombreux intellectuels. L’idée est d’avoir une vision du peuple qui ne soit pas populiste, qui sache articuler la classe et les ethnies indigènes à l’intérieur du peuple. C’est une explosion théorique car que faire avec l’imaginaire des peuples formé de récits religieux mythiques ? La gauche était traditionnellement athée et considérait cet imaginaire comme rétrograde. Or à l’intérieur de l’imaginaire, comme le signale Ernst Bloch dans le Principe espérance au sujet des mythes qu’il qualifie de rêve éveillé de l’humanité, il y en a qui sont de domination et d’autres qui sont de libération

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