Le Parlement européen a dénoncé, ce mercredi, la menace « systémique » contre les valeurs de l’UE en Hongrie et demandé à l’Union de réagir en lançant la procédure dite de l’article 7, à savoir le mécanisme le plus radical visant un pays bafouant les règles européennes. (...)
une rare procédure qui pourrait conduire à des sanctions sans précédent contre Budapest. C’est la première fois que le Parlement européen use de son droit d’initiative pour demander au Conseil (les États membres) de se prononcer sur la situation de l’État de droit d’un pays membre.
Décision politiquement symbolique, le vote du Parlement lance une longue procédure dont l’issue est incertaine mais qui peut en théorie mener à des sanctions à l’encontre de Budapest. La procédure de l’article 7 est rarissime dans l’histoire de l’UE. Néanmoins, c’est la deuxième fois en un an qu’elle est déclenchée. Fin décembre, la Commission avait initié la procédure contre la Pologne. Elle en est pour l’instant à un stade préliminaire, après l’audition de Varsovie sur ses réformes controversées fin juin par le Conseil des ministres des Affaires européennes.(...)
La résolution votée par le Parlement « invite le Conseil à constater s’il existe un risque clair de violation grave, par la Hongrie, des valeurs visées à l’article 2 du traité UE et à adresser à la Hongrie des recommandations appropriées à cet égard ».
Le débat précédant le vote a donné lieu à un âpre face-à-face entre le Premier ministre Viktor Orban, venu défendre « l’honneur » de son pays, et les parlementaires. Viktor Orban n’a pas cherché à convaincre son auditoire, dont il estimait que l’opinion était « déjà faite ». Combatif et véhément, il a dénoncé une « vengeance » de ses opposants et martelé qu’il ne céderait à aucun « chantage ». « Je n’accepterai pas que les forces pro immigration nous menacent, fassent un chantage et calomnient la Hongrie sur la base de fausses accusations », a lancé le dirigeant ultra-conservateur.
Le rapport Judith Sargentini établit une longue liste de « préoccupations » portant sur le bafouement des libertés et valeurs prônées par l’UE dans la presse, au sein des universités, contre les minorités, contre les migrants, mais aussi en matière de corruption et d’indépendance de la justice. (...)
Ligne dure anti-immigration, style autoritaire, prises de position anti-UE, Viktor Orban incarne la vague populiste qui déferle en Europe. Fin août, il avait, après avoir rencontré le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, désigné le président français Emmanuel Macron comme son ennemi en Europe. Mercredi, la présidence française a salué « un signal très fort » de la part du Parlement.