
Même si l’énergie nucléaire émet peu de gaz à effet de serre, elle présente d’autres inconvénients insupportables. Notamment, cette possibilité d’un accident nucléaire qui va empoisonner au minimum des centaines de km2 pour des dizaines ou des centaines d’années.
Pour l’instant, ce qu’on peut dire de manière quasiment certaine, c’est qu’il y a au moins trois, voire quatre réacteurs de la centrale qui sont irrécupérables. L’enjeu maintenant est de les boucher, pour empêcher les fuites, sachant qu’aujourd’hui, même à petite dose, elles sont manifestes et permanentes. Une fois bouchés, les réacteurs restent extrêmement radioactifs et dangereux. Comme à Tchernobyl, on les recouvrira d’un sarcophage, qui sera une sorte de mausolée supplémentaire de déchets nucléaires. (...)
Avec le Japon, on ne peut pas avoir cette attitude méprisante. C’est quasiment le pays le plus en pointe, avec un niveau technologique incontestable. Indépendamment des événements extérieurs que sont le séisme et le tsunami, on constate que même dans un pays techniquement sophistiqué, il peut y avoir une perte de contrôle et une incapacité à gérer une situation désastreuse qui conduit à une catastrophe écologique.
L’autre rapprochement à faire, c’est qu’au Japon comme en France, le nucléaire a été introduit de manière opaque et antidémocratique, ou plus exactement dans un déni de démocratie. (...)
Fukushima est moins un accident que l’aboutissement d’une série annonciatrice. Ce n’est pas une météorite tombée du ciel. Il y a eu des alertes, un accident était prévisible, mais les oligarques n’ont pas tenu compte de ces avertissements.
Chez les observateurs critiques du nucléaires, l’inquiétude se réveille depuis plusieurs années. On constate la montée d’une pression financière, dans une logique de course au profit, de privatisation, qui fait que les soi-disant responsables, tablant sur la renaissance du nucléaire et rivalisant de manière acharnée pour vendre des centrales, poussent à relâcher l’attention sur la sécurité. (...)
J’ai fait récemment une enquête sur la sortie du nucléaire qui m’a amené à contacter le cabinet d’Éric Besson. J’ai appris que le ministère de l’Énergie n’a élaboré aucun scénario de sortie du nucléaire, même pas à titre d’étude ou d’exercice d’imagination. Alors que le principal partenaire de la France, l’Allemagne, se prépare sérieusement à cette évolution depuis dix ans ! (...)
L’incapacité de ce système, et de ces gens qui se croient les meilleurs, à se remettre en question est effrayante. Et le nucléaire n’en est qu’un exemple parmi d’autres. (...)
La bataille s’annonce particulièrement difficile parce que l’appareil de pouvoir est totalement gangrené par l’idéologie « nucléariste », qui bénéficie – comme c’est la règle en régime oligarchique – d’un soutien institutionnel et médiatique sans faille. (...)
sortir du nucléaire tout en évitant un changement climatique implique des choix qui ne sont pas seulement techniques. Ça inclut aussi une remise en question profonde de l’ordre social, de notre façon de vivre, de l’organisation collective, de la répartition des richesses... Derrière le nucléaire se pose un enjeu d’organisation de la société (...)
Nous sommes dirigés par des gens qui en 2007 étaient prêts à vendre des réacteurs nucléaires au gouvernement de Kadhafi, et qui quatre ans plus tard, le découvrent insupportable. Cette intervention en Libye vise le pétrole, point. Elle témoigne aussi qu’après l’Afghanistan, après l’Irak, la tentation de résoudre les problèmes par la violence reste toujours aussi vivace chez l’oligarchie.(...)
Wikio