
Entendu par les députés cette semaine, le patron d’EDF a piqué une colère pas très protocolaire. D’ordinaire placide, Henri Proglio a défendu bec et ongle "le patrimoine national" d’EDF face au "pillage" annoncé de la concurrence privée.
(...) Il faut dire que le sujet est sensible pour cet homme de réseau d’ordinaire discret, aussi proche de Nicolas Sarkozy que de son camarade de promo Dominique Strauss-Kahn. Depuis sa nomination l’an dernier, Henri Proglio n’a qu’une seule et unique obsession : faire de l’électricien public le chef de file de la filière nucléaire française.
Et tant pis pour les autres acteurs nationaux (Areva et GDF Suez en tête), réduits au rôle de simples sous-traitants lors des appels d’offre internationaux pilotés par EDF avec la bénédiction du gouvernement.(...)
Rationalisation d’une offre unifiée française et patriotisme économique ? Ou vision anachronique et centralisée ? Défenseurs et adversaires de l’électricien public s’écharpent sur le sujet depuis des mois…
L’enjeu est de taille ! (...)
La réaction du patron d’EDF est plus que cinglante : "Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité, de ma feuille de route, de faire travailler 170.000 personnes pour faire des cadeaux à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité d’ouvrir le bilan au pillage, je ne l’accepterai pas".
Une colère mise en scène ? Un coup de sang qui arrive quoi qu’il en soit un peu tard… La bataille de l’ouverture des marchés et de la mise en concurrence d’EDF est d’ores et déjà perdue pour l’électricien public, et la revente à prix coutant d’une partie de sa production est actée.
La sortie d’Henri Proglio vise en réalité surtout à faire monter les enchères à l’heure des négociations avec les pouvoirs publics. (...)