
Depuis la punition collective infligée aux Palestiniens après le rapt et l’assassinat de trois jeunes colons en juin, la tension est à son comble en Cisjordanie. A Hébron, ville symbole de l’apartheid, et dans ses environs, les manifestations de solidarité avec Gaza sont durement réprimées.
Hébron (Territoires palestiniens), envoyée spéciale. Ville fantôme. C’est ainsi que les Palestiniens surnomment la vieille ville d’Hébron, où les plus extrémistes des colons de Cisjordanie ont élu domicile, sous la protection de 2 000 soldats israéliens.
Là, dans le cœur historique de la vieille cité, ils sont près de cinq cents, toujours prêts à harceler les Palestiniens, au point que des filets ont été tendus pour protéger les passants des jets d’ordures des colons. Il y a l’humiliation, les insultes, les intimidations, et il y a la violence. Un Israélien sur vingt possède une arme à feu. Proportion décuplée dans des colonies qui se vivent comme des citadelles assiégées.
Le vieil Hébron est devenu un enfer pour les Palestiniens. Des centaines de boutiques ont définitivement baissé les rideaux. Conformément au protocole conclu en 1997, la ville est divisée en deux secteurs, H1, placé sous autorité palestinienne, et H2, comprenant la vieille ville, où se déploie l’armée israélienne qui rend la vie impossible aux Palestiniens, contraints par quatorze checkpoints à d’impossibles détours pour rejoindre leurs domiciles, suspendus à l’arbitraire des bouclages militaires. La rue Shuhada, l’artère qui relie le centre à la vieille ville, est tout simplement fermée. (...)
Hébron est depuis longtemps une ville symbole de l’apartheid imposé par l’occupant israélien. Elle est l’épicentre du séisme de violence qui dévaste aujourd’hui la bande de Gaza. Depuis la punition collective infligée aux Palestiniens de Cisjordanie après le rapt et l’assassinat de trois jeunes colons en juin, la tension est à son comble. (...)
Sur la route 60 qui relie Hebron à Jerusalem, les colonies défilent, entourées d’un impressionnant dispositif militaire. Les implantations ont connu ces dernières années un développement exponentiel, grignotant toujours plus la terre palestinienne. Les colons les plus fanatiques sont rassemblés dans des « avant-postes » où les mobile home s’organisent autour de synagogues bâties en dur.
« Nous ne voulons plus de négociations et d’accords mensongers, qui permettent la poursuite de la colonisation, de l’occupation et le maintien d’un état de guerre permanent. Toute confiance est rompue. Les Israéliens nous voient comme des barbares, des arriérés, pas comme des êtres humains. Nous voulons une vraie liberté, pas cette vie d’esclave, s’emporte le journaliste palestinien Maher Dasouqi, compagnon de prison de Yasser Arafat. Il n’y a rien à attendre de l’autorité palestinienne, qui a capitulé sur tous les fronts. Nous devrions nous soulever pour de bon, reprendre le chemin de la lutte, pour nos droits, pour notre terre et pour la reconnaissance de notre humanité. » (...)
Comble de la perversité, les autorités, qui refusent de délivrer des permis de construire aux Palestiniens, attendent que la construction soit achevée pour ordonner la destruction des maisons. La facture de la démolition est ensuite présentée au propriétaire.
Les colons, eux, n’ont pas ce problème. Près des implantations qui accueillent ceux qui ont quitté Gaza, des commissariats sortent de terre. A Cheikh Jarah, des caméras de vidéosurveillance reliées au poste de police veillent sur les maisons confisquées aux Palestiniens, désormais barricadées. (...)