
La grippe A(H7N9), qui frappe la Chine depuis le mois de mars, continue d’inquiéter le monde entier. Pour lutter contre le virus, 22 chercheurs demandent par lettre la possibilité de le faire muter afin de le rendre plus virulent, dans le cadre d’expériences qui ne sortiraient pas du laboratoire. Le but étant de mieux le connaître afin d’anticiper une éventuelle pandémie. L’idée n’est pas nouvelle et fait débat…
La grippe A(H7N9) semble relativement peu contagieuse, mais son taux de mortalité est particulièrement élevé. Pour l’instant limitée à la Chine, l’épidémie pourrait devenir une pandémie, surtout si le virus responsable venait à muter. Pour mieux lutter, les chercheurs proposent de faire évoluer le virus en laboratoire, afin d’anticiper au mieux un danger potentiel. (...)
Le débat sur la dangerosité de telles manipulations et la crainte d’éventuelles dérives bioterroristes refont surface, comme en 2011 avec le virus A(H5N1).
Pour Vincent Enouf, « sur le fond, d’un point de vue scientifique, ce type de recherche apparaît logique. L’objectif est de mieux connaître le virus et d’anticiper son éventuelle évolution dans la nature. Sur la forme, cette lettre semble politique et stratégique, histoire de mesurer les réactions de chacun. »
À noter qu’aucun virologue français ne fait partie des 22 signataires. « C’est vrai, poursuit le spécialiste. Sans doute parce que dans notre pays, nous ne faisons pas ce genre de manipulation sur les animaux. Cela exige d’importants moyens sur les plans technique et financier. Nous travaillons in vitro, c’est-à-dire sur les souches. Si d’autres le font, c’est très bien. »