
Le mémorandum c’est le rigorisme… plus le fiasco. C’est dire combien… l’art de l’austérité ne s’improvise pas en communiquant, et en Grèce en ce moment, la « communication pédagogue » ne passe plus… suffisamment paraît-il. Le seuil létal de notre économie réelle est désormais atteint, et de nombreux sujets de notre baronnie s’interrogent même sur l’autre seuil létal… à atteindre, le leur tout simplement, car celui de la démocratie semble déjà dépassé depuis juin dernier (2012). Le régime méta-démocratique de la... Polynésie athénienne prend déjà la forme de cet hybride… caractérisé et caractéristique de la grande « gouvernance impériale » préparatoire dans sa variante néo-locale, autrement-dit, à l’échelle (visiblement arbitraire) de l’U.E. Mais au moins, notre pays devenu territoire, entre enfin dans l’ère de la politique hors-fiction. La Troïka nous a promis de « l’observation participante » jusqu’à la mort (la nôtre), et elle l’a fait. C’est à partir de là, que tout peut sérieusement commencer, ou peut-être bien, finir.
(...) La semaine dernière, en plein cœur d’Athènes, c’était derrière un graffiti « monolectique » : « fiasco », que je rencontrais ce mendiant handicapé, l’un des survivants provisoires avec qui j’ai échangé quelques mots suspendus sous le regard et l’aporie des autres passants. Il n’est pas le seul à penser que notre époque est bien close, sauf que sa clôture à lui est déjà définitive, nous autres je crois, nous nous épuisons encore dans nos derniers anachronismes, d’où cette si grande gêne, provoquée chez les passants. Le fiasco, n’est pas un régime politique si facile à vivre finalement, à plus forte raison que ce dernier ne concerne pas que nous, sauf que les autres ne se sont pas encore extirpés (et de force), de la politique-fiction. Consolons-nous au moins, car nous finirons nos jours moins idiots que ceux qui parmi nous, nous ont quittés avant 2010, c’est-à-dire avant-guerre. (...)
C’est en photographiant la banderole du comité de quartier devant l’école, et qui annonce la braderie – « bazar d’échange » et la cuisine collective du dimanche, que je rencontrai Dimitri, l’ancien voisin dentiste. Ce comité est un rassemblement ouvert des habitants, désireux - d’après eux-mêmes (rencontrés le lendemain) - « d’agir par et pour eux-mêmes, dans un but de solidarité anticapitaliste, à ne pas confondre surtout, avec la philanthropie des multinationales, de l’Eglise et des ONG qui sont des structures sous contrôle et qui ne remettent pas en cause le système dominant et encore moins ses folies. Nous luttons déjà contre l’idée que d’autres feront notre avenir à notre place et contre les fascistes du quartier… Nous pensons que le temps, le nôtre, je vais dire celui de la réaction des gens est trop lent. Ils ne savent pas agir par eux-mêmes... » (...)
Le quotidien Elefterotypia de ce Samedi (09/02), fait sa « Une » sur les conséquences quasi-immédiates, de la fermeture en septembre 2011 de la seule unité spécialisée en chirurgie cardiaque pédiatrique, réalisée jusqu’à cette date au sein d’un hôpital public de la capitale. « Les enfants sont depuis transférés vers Onaseio, un hôpital privé spécialisé en chirurgie cardiaque générale (…) Il n’est guère possible de traiter tous les cas (…) ce qui d’ailleurs devient impossible lorsque les patients ne bénéficient d’aucune couverture Santé » (ce qui est le cas de pratiquement un tiers de la population en Grèce, tandis que 35% des employés du secteur privé travaillent sans Assurance maladie – quotidien Kathimerini – 09/02). C’est ainsi que selon ce reportage du journal (Elefterotypia ), au moins deux jeunes enfants pour lesquels « il n’a pas été techniquement possible de trouver une solution à temps, sont décédés ces derniers mois (…) ». Et ce type de fiasco dominant, laisse peu de place à la dérision... (...)
L’autre fiasco de la semaine, c’était d’abord à Athènes, s’agissant des intimidations des Aubedoriens, contre un dispensaire de Médecins du Monde, puis dans le Péloponnèse, à l’hôpital de Tripoli, où des membres de l’Aube dorée, ont pénétré dans le bâtiment, afin de procéder à des « contrôles de vérification » quant à l’emploi des infirmières étrangères exclusives, engagées par les familles des malades. La directrice de l’hôpital de Tripoli, Eleni Siourouni, qui a ténu une conférence de presse commune avec les membres de l’Aube dorée, a déclarée sur « ArcadiaPortal.gr » que « le but commun [avec l’Aube dorée] consiste à confronter le problème du travail illégal à l’hôpital, puisque d’après elle, la loi ne lui autorise pas ce type de contrôle (…) ». Eleni Sourouni a été révoquée de son poste samedi, (reportage sur le site de l’hebdomadaire politique et satyrique To Pontiki 10/02).
Le processus est en route. Les cadres du parti d’Antonis Samaras savent que le glissement vers l’Aube dorée, les concerne en premier lieu. La méta-démocratie, d’abord la leur, est aussi un régime… ouvert à la mutation car justement hors cadre, comme pour l’essentiel du corps social d’ailleurs. Lorsqu’on survie, il n’y a plus d’idée tabou…. la barrière anatomique du fait politique en Grèce est désormais ouverte (terrorisme ou « terrorisme » compris). D’où certainement cette précipitation de Samaras, dans la création déjà annoncé et « attendue », du « grand parti Européen », c’est-à-dire celui de la soumission mémorandaire, réunissant les meilleures marionnettes du système politique grec des trente dernières années (issues des rangs de la Nouvelle démocratie, du micro-Pasok, et récemment de la « Gauche » démocratique). Le malheur de ces piètres politiciens hétéronomes et pour tout dire anomiques, est que la soumission mémorandaire, exceptée la mise à mort physique et symbolique qu’elle impose à la société, l’obligeant à réinventer (ou sinon de disparaître), a fait de l’indignité et de l’humiliation (en plus de la terreur), la pierre angulaire dans l’art de la « gérer » du pays. (...)
(le) tiers de la population de la ville crétoise d’Ierapetra (...) a manifesté avant-hier (08/02). Plus de 7.000 personnes, la plus grande manifestation du genre selon la presse locale, habitants alors indignés et révoltés contre la politique du mémorandum : fermeture de la faculté de la ville, ainsi que de son hôpital. Nos fractures sont si évidentes et pour tout le monde.
D’après ce que j’entends, une partie désormais non négligeable de la population s’est complètement détournée des médias mainstream, (...)
Selon une enquête dont les résultats ont été repris par la presse (quotidien des Rédacteurs – 08/02 ), « 50% des Grecs, n’arrivent plus à payer les factures d’électricité, les impôts (…) tandis qu’un tiers de ceux qui travaillent encore, gagnent désormais moins de 10.000 euros en salaire annuel net », et avec pratiquement 30% de chômage officiel ! Heureusement au moins que l’hiver n’est pas très long chez nous. (...)