
Enfin, un air de Printemps en cette année 2017, année zéro aux yeux de certains analystes. Sous la couenne des événements journalistiques apparents, le mouvement s’accélère, celui de la tectonique de l’histoire immédiate et du magma des piètres affaires des hommes. En Grèce, ces secousses sont directement ressenties, sauf que la société est déjà en ruines après sept ans de Troïkanisme... rongeur. Les Grecs, ne réagissant plus de manière collective, ils s’attendent plutôt aux bouleversements introduits par la géopolitique du monde la plus récente. 2017, année zéro ?
(...) Ce même jour, à deux pas de la Place de la Constitution, devant le Ministère des Finances, une poignée de représentants d’une profession libérale protestent contre les récentes dispositions en matière fiscale (entre cotisations et impôt, ils laissent pratiquent 70% de leurs chiffre d’affaires et cela, à partir du premier euro encaissé). Dans l’indifférence et cependant approbation des passants qui n’ont plus autre chose à y rajouter.
Protestation nécessairement symbolique qui ne dure en règle générale pas plus d’une heure, à l’instar de la mobilisation (bien suivie), initiée par les syndicats et les coordinations des paysans ayant convergé sur Athènes aussi cette semaine. Devant la tombe du Soldat inconnu, nos paysans ont distribué toute une petite... cargaison de choux blancs aux passants. Il y a eu cohue comme à chaque fois en pareilles circonstances, les choux sont alors partis en moins de dix minutes. Les Grecs... dans les choux, la ritualisation de la protestation en plus. (...)
Le quotidien athénien s’est transformé de manière définitive comme on a pris l’habitude de le dire ici. Aux usages et aux faits d’avant sont venus s’ajouter ceux de l’après-crise, le changement durable s’avère palpable en observant toutes les facettes de la vie. Il y a par exemple certains moments où, aux supposées heures de pointe les boulevards de la ville sont quasi-déserts, comme il y a ces... tanières d’infortune que les sans-abri, parfois handicapés “construisent” un peu partout au centre-ville. Ce que les passants sans âme et au regard vide remarquent en silence, aux visages alors crispés. (...)
Une publicité de taille, héritée des années de l’avant-crise, propose “un bel avenir professionnel” aux jeunes qui s’inscriront pour suivre une formation privée : un BTS préparant aux métiers de l’infographie. Bonne blague. Métier sinistré comme tous les autres, les meilleurs de la branche ont déjà quitté le pays, et quant aux autres... ils sont le plus souvent rémunérés moins de 600€ par mois pour travail en temps plein. (...)
Dernière trouvaille en ce pays ainsi démonétisé, de nombreux employeurs obligent leurs salariés à accepter le versement de la moitié de leurs salaires... en coupons alimentaires échangeables dans les supermarchés. C’est pourtant illégal... sauf que pour une majorité de la population, nous vivons sous une économie de guerre... ou d’avant-guerre.
Nous nous approchons paraît-il du point zéro.(...)
En effet, la Grèce envisage de nommer la banque Rothschild en qualité de conseillère sur sa dette, Athènes cherche à éviter le défaut. De son côté, Ted Malloch, futur (?) ambassadeur des États-Unis auprès de l’UE, déclare que la Grèce pourrait quitter l’euro pour sa nouvelle drachme. Elle sera liée... au dollar US !! (Presse grecque ces derniers jours). Gréco-dollar alors ?
Certains analystes Grecs croient pressentir que le plan de Trump consisterait à dynamiter l’euro germanique et en même temps... à maintenir la Grèce sous la sphère d’influence des puissances maritimes occidentales (États-Unis et Grande Bretagne), devant la mise en place du pôle eurasiatique sous l’égide de la Russie. (...)
Il semblerait (d’après la presse grecque au 16 février) que devant cette... menace, la position de Berlin serait (prétendument ?) en train de changer. Le but serait d’introduire les monnaies nationales en circulation parallèle en interne, en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal et même en France sans pour autant briser concrètement la zone euro (l’euro préservera sa prépondérance pour les échanges extérieures). (...)