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Grèce : vers une « grande coalition » ?
Article mis en ligne le 3 décembre 2015
dernière modification le 30 novembre 2015

Alexis Tsipras a appelé à une réunion des leaders politiques grecs. Il pourrait chercher à élargir une majorité affaiblie par les mesures demandées par les créanciers.

Le 19 novembre, lors du vote du paquet législatif permettant d’obtenir les 12 milliards d’euros du Mécanisme européen de stabilité (MES), la majorité du premier ministre s’est réduite de quatre à deux voix. Un député de Syriza, Stathis Panagoutis, s’est en effet abstenu lors du vote, et un autre, Nikos Nikopoulos, a voté contre. Tous deux ont été exclus immédiatement de Syriza. La veille, l’ancien porte-parole du premier gouvernement Tsipras, Gabriel Sakellaridis, avait démissionné de ses mandats, ce qui avait permis de préserver la majorité puisqu’il avait été remplacé par un député fidèle à Alexis Tsipras. (...)

La question des expulsions

L’annonce de nouvelles règles sur les expulsions des possesseurs de résidences primaires a été le déclencheur de ces trois défections. Athènes a négocié pendant trois semaines un compromis sur ce dossier avec des créanciers qui voulaient réduire cette protection pour faciliter le renflouement des banques. Alexis Tsipras et son ministre des Finances Euclide Tsakalotos avaient obtenu le maintien d’une protection pour les débiteurs les plus fragiles et des aménagements pour une seconde catégorie. Mais, globalement, la nouvelle loi facilitait bien les expulsions, ce qui a été mal accepté au sein de Syriza. Désormais, donc, Alexis Tsipras ne peut s’appuyer que sur une majorité de 153 députés à la Vouli, le parlement grec, soit deux de plus de la majorité absolue.

La très sévère réforme des retraites à venir

Il se sent donc à la merci de nouvelles défections. D’autant que le gouvernement va devoir faire accepter de très sévères mesures dans les semaines à venir, notamment sur les retraites. Déjà, Alexis Tsipras a fait adopter le report de l’âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans, il a pris des mesures pour décourager les départs anticipés en retraite et a augmenté les cotisations santé sur les pensions de retraites et de retraites complémentaires. Mais ceci ne suffit pas aux créanciers (...)

Longtemps, le gouvernement a promis de ne pas toucher aux pensions inférieures à 1.500 euros nets mensuels, mais cette ligne s’est effondrée début octobre lorsque George Katrougalos, le ministre du Travail a annoncé qu’il cherchait surtout à défendre les pensions inférieures à 1.000 euros.

Pas moins de 475.000 des 2 millions de retraités grecs qui touchent entre 1.000 et 1.500 euros ont donc dû s’attendre soudain à des baisses dans leurs pensions. Mais la ligne des 1.000 euros sera elle-même difficile à tenir, car 60 % des retraités grecs seraient alors protégés. Dans leur volonté de couper dans les dépenses, il y a fort à parier que les créanciers réclament un abaissement du niveau de protection. Le gouvernement entend compenser la protection de ces pensions faibles par une augmentation des cotisations pour les salariés, autrement dit par une ponction sur le pouvoir d’achat. On comprend que la prochaine réforme des retraites qui doit être votée début décembre fasse grincer des dents au sein de Syriza. (...)

L’enjeu sera de convaincre les créanciers de la détermination grecque à « mettre en place les réformes » afin de négocier une restructuration de la dette en janvier. La question sera de savoir s’il faudra faire entrer des partis centristes dans le gouvernement.

Échec de la stratégie politique de l’après 13 juillet

Reste que ce mouvement sanctionnerait l’échec de la tentative d’évolution d’Alexis Tsipras après son retournement le 13 juillet dernier et l’acceptation des conditions des créanciers. A ce moment, le premier ministre avait tenté de présenter l’austérité comme un « mal nécessaire » que Syriza était capable d’appliquer avec davantage d’humanité et justice que les partis de centre-droit. Alexis Tsipras avait aussi prétendu être capable de résister aux demandes supplémentaires des créanciers. S’il est vrai que le gouvernement a pu réduire l’impact de certaines mesures, comme celles sur les expulsions, ce discours est de plus en plus difficile à tenir compte tenu du niveau d’exigence des créanciers.

La position qui consiste à s’opposer à l’austérité en l’appliquant, illustrée par la participation de Syriza à la grève du 11 novembre contre la politique du gouvernement, est de moins en tenable. D’autant que la situation se tend. La grève du 11 novembre a été émaillée de violence alors qu’une deuxième grève est prévue pour le 3 décembre (...)