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La Tribune
Grèce : l’impossible résistance d’Alexis Tsipras
Article mis en ligne le 7 mai 2016

La discussion entre la Grèce et ses créanciers n’en finit pas de s’étirer. La fin de la « première revue » du troisième mémorandum semble encore loin. Ce mardi 3 mai, les responsables des deux camps ont repris contact, après la pause de la pâque orthodoxe, pour tenter d’avancer. Mais, selon le quotidien grec Kathimerini, un accord est peu probable lors de la réunion de l’Eurogroupe du lundi 9 mai prochain. Il faudra donc encore attendre.

Cette attente place le gouvernement d’Alexis Tsipras dans une situation très difficile. L’Etat grec, qui n’a pas reçu d’aide du Mécanisme européen de Stabilité (MES) depuis le 23 décembre dernier, commence à manquer de liquidités et puise désormais dans les excédents des entités publiques pour honorer ses paiements les plus urgents. Tout ceci ressemble de plus en plus à l’asphyxie financière qui avait été organisée l’an dernier. Et le but n’est pas différent : les créanciers cherchent à faire accepter à Athènes ce qui, voici encore quelques semaines, était inacceptable.
Obtenir l’accord du FMI

Que réclament les créanciers ? Le respect des objectifs fixés dans le mémorandum et notamment un excédent budgétaire primaire, hors service de la dette, de 3,5 % du PIB à partir de 2018 et pour les années suivantes. Cet excédent est, pour eux, la condition sine qua non de la « soutenabilité » de la dette grecque. Dans leur logique, en dégageant un tel excédent, la Grèce sera capable de faire face à ses échéances de remboursement. Or, la « soutenabilité » de la dette hellénique est, à son tour, la condition sine qua non de la participation du FMI au financement de « l’aide » à la Grèce. Une participation qui est nécessaire pour obtenir l’aval du Bundestag, le parlement allemand, sans qui toute la construction du troisième mémorandum est impossible.
Les « mesures contingentes »

On comprend donc que les créanciers refusent de discuter un tel objectif qui, en réalité, semble assez peu crédible sur le plan purement économique. Cet objectif d’excédent primaire de 3,5 % du PIB était déjà inclus dans les deux premiers mémorandums et avait dû être repoussé faute de crédibilité. Mais, cette fois, le FMI a exigé du concret, car, rappelons-le, ses statuts lui interdisent de prêter à des Etats insolvables. Du coup, pour amadouer l’institution de Washington, l’Eurogroupe a, la semaine dernière, exigé que la Grèce adopte, en plus des mesures d’austérité nouvelles pour atteindre les objectifs d’ici à 2017, un « plan de mesures contingentes » au cas où les comptes de la Grèce ne seraient pas encore une fois dans les clous du mémorandum.

Le détail de ces mesures n’est pas connu, mais leur montant l’est : 3,6 milliards d’euros, soit 2 % du PIB. C’est précisément la différence entre les estimations d’excédent primaire du FMI et l’objectif de 3,5 % du PIB pour 2018. C’est donc tout simple : on donne au FMI ce qu’il souhaite pour le faire entrer dans le jeu. Et on lui donne aussi des garanties fermes que ces mesures seront appliquées. Ces mesures, a précisé Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, devront en effet être « crédibles, votées à l’avance, automatiques et basées sur des facteurs objectifs. »
Nouveau stade dans les demandes des créanciers

Avec cette proposition, l’Eurogroupe a clairement franchi un nouveau stade dans son traitement de la crise grecque. Il s’agit désormais d’introduire un mécanisme préventif qui échapperait aux gouvernements helléniques et déclencheraient immédiatement une série de mesures précises. Autrement dit, la demande de l’Eurogroupe est d’exclure à l’avenir ces mesures du champ politique. (...)