
La réalité est très loin des images d’Epinal qui nous présentent le « plan de sauvetage de la Grèce » comme un exercice d’équilibre entre les sacrifices « consentis » par le peuple grec et les « sacrifices » des banques. Les sacrifices ne sont nullement « consentis » par le peuple grec qui multiplie grèves et manifestations. Les « sacrifices » des banques ne sont en rien des sacrifices. La Grèce est loin d’être sortie d’affaire, au contraire. Quant à la crise de la dette publique européenne elle resurgit maintenant sous d’autres formes, tout aussi dangereuses.
(...) C’est donc pour sauver leurs créances de près de 3 000 milliards d’euros et leur propre peau (une crise bancaire aurait immédiatement suivi ce défaut grec), que les banques et les assurances européennes ont accepté de « perdre » 106 milliards d’euros.
Ensuite, sur les 130 milliards soi-disant versés par le FESF et le FMI pour « aider la Grèce », 25 milliards d’euros seront aussitôt utilisés à recapitaliser les banques grecques et retourneront donc aux banques.
Ensuite, la valeur des obligations grecques n’avaient plus rien à voir avec leur valeur d’émission. Une obligation de 100 euros lors de son émission (sa valeur faciale) ne valait plus sur le marché secondaire (la bourse) que 10 euros dans le meilleur des cas. Les nouvelles obligations reçues par les banques et les assurances en contrepartie de leurs anciennes obligations auront une valeur de 46,5 % de la valeur faciale des anciennes obligations. Soit une valeur de 46,5 euros pour une obligation de 100 euros qui ne valait plus que 10 euros sur le marché boursier. Un cadeau, donc, de 36,5 euros par obligation de 100 euros pour les banques !
Ensuite, les banques pourront faire jouer les assurances, les fameux CDS (...)
Les banques européennes avaient investi en titre de la dette publique grecque une partie des centaines de milliards d’euros que la Réserve fédérale américaine et la BCE leur avait fourni à taux zéro lors de la crise bancaire de 2008. Grâce à ce plan de sauvetage, elles auront sauvé l’essentiel de leurs fonds malgré l’échec de leur spéculation. Ce sera aux peuples européens de payer la facture puisque les dettes de la BCE et du FESF sont garanties par les Etats de l’Union européenne.
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Les Grecs ne bénéficieront pas de l’ « aide » de l’UE et du FMI
L’argent sera versé sur un compte bloqué comme l’avait exigé Merkozy. Les sommes ne seront débloquées que pour recapitaliser les banques ou payer les créanciers de la dette grecque au fur et à mesure de leur arrivée à échéance.
Les Grecs ne verront donc pas la couleur d’un seul euro des 130 milliards d’euros de l’UE et du FMI, comme cela avait déjà été le cas pour le précédent prêt de 110 milliards. Ce plan de sauvetage n’est pas un plan de sauvetage de la Grèce, bien au contraire puisqu’il l’enfonce encore plus dans la récession et la misère sociale. C’est uniquement un plan de sauvetage des banques. (...)
Il faudra bien, tôt ou tard, se rendre à l’évidence, la Grèce est insolvable, elle ne pourra jamais rembourser sa dette. La seule solution pour elle est d’annuler sa dette publique et d’éjecter de son sol les hommes en noir de la Troïka avec leurs plans de destruction sociale. (...)
La formule employée par le ministre de l’économie grec, Evángelos Venizélos, illustre parfaitement ce qu’il en est, aujourd’hui, de la démocratie grecque. Ce triste personnage s’est félicité d’une participation « massive » des créanciers grecs qui constitue « un vote de confiance » de ces créanciers. Voilà le seul « vote » qui compte pour le gouvernement grec actuel.
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La Troïka siège en permanence à Athènes et se substitue de plus en plus au gouvernement et à l’Etat grec. Cela ne suffit pas à Merkel qui veut, de nouveau, imposer à la Grèce la présence d’un commissaire européen chargé d’administrer la Grèce. (...)
Une catastrophe démocratique comme nous venons de le voir. Une catastrophe sociale avec les plans de destruction sociale à répétition imposés au peuple grec. Une catastrophe économique puisque ces plans plongent la Grèce dans une récession de plus en plus profonde.
Une catastrophe financière, enfin (...)
peut-être aussi les peuples espagnols et italiens commenceront-ils à se poser la question de savoir pourquoi les banques prêtent à l’Espagne et à l’Italie à des taux supérieurs à 5 % alors qu’elles obtiennent cet argent au taux de 1 % auprès de la BCE ?
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Pire que tout, pour les oligarques européens, la démocratie qu’ils veulent à tout prix mettre au pas leur fait obstacle dans trois pays européens.
L’Irlande où l’annonce d’un référendum sur le traité Merkzoy leur à fait l’effet d’une douche glacée.
La France où l’élection présidentielle pose un gros problème à Merkozy dans la mesure où l’élection de François Hollande signifierait la disparition de la moitié de ce duo de droite et la volonté du nouveau gouvernement français de renégocier le traité.
L’Allemagne elle-même, enfin, puisque sa constitution exige une majorité des 2/3 pour ratifier le traité européen alors qu’une partie de la coalition de droite refuse le traité (...)