
Il neige à Athènes depuis ce matin. On prévoyait dans les prochaines heures son arrivée jusqu’au centre de la ville. Chose faite. Place de la Constitution, la grande roue installée récemment avec l’aval de la municipalité, et qui n’a jamais tourné pour cause de non délivrance d’attestation d’homologation de sécurité... vient d’être en partie démantelée à la hâte au petit matin du 29 décembre... sous prétexte officiel de vent mauvais. Grande roue et alors immense symbole de la futilité en panne. En attendant... 2017.
(...) Signe ainsi des temps : Cette roue qui ne tournera pas, les terribles nouvelles en gestation au sujet de Chypre à peine évoquées par les médias de révérence, puis, la... lettre de la semaine et de la soumission perpétuelle, officiellement adressée comme on sait par le “ministre grec” (aux Finances) Tsakalotos, à ses maîtres de la Troïka. 2016 se termine alors ainsi... “Guarda e passa”, comme dans la... si bien Divine Comédie de Dante. Et question d’Enfer dans un certain sens. (...)
Les États-Unis, la Grande Bretagne et l’Union Européenne, sous prétexte d’imposer une pseudo-solution au problème chypriote (tout en maintenant sur place l’armée turque, laquelle occupe depuis 1974 près de la moitié de l’île) préparent un coup d’État de type nouveau : l’autodissolution d’un pays membre de l’ONU et de l’UE, pour installer à sa place, un hybride paraétatique inédit, une variante “avariée” de... Bosnie ou de Kosovo (bis).
Dans son récent et remarquable ouvrage (auquel je consacrerai prochainement un article sur ce blog) “30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe”, mon ami Olivier Delorme, historien, politologue et romancier, évoque entre autres le cas de “l’ex-Yougoslavie que l’UE a tant contribué à faire exploser. Car plusieurs des États croupions issus de cette explosion (...), l’Union exerçant dans certains d’entre eux une tutelle de type néocolonial, ainsi que l’Albanie, se sont vu imposer, en échange ‘de l’aide’ de l’Union et de leur admission dans le processus d’adhésion, des politiques ordolibérales qui ont produit un creusement vertigineux des inégalités ; une absence de perspective d’avenir pour une grande partie de la population, un discrédit de la politique. Dans le contexte de la région, cette évolution a conduit à une criminalisation croissante de l’économie, et à une interpénétration entre États et organisations mafieuses quasi ‘parfaite’ au Kosovo, plus ou moins avancée ailleurs (y compris en Bulgarie, membre de l’Union)”. (...)
En cette année 2016 finissante, l’UE contribue désormais à enterrer un... État membre (après l’avoir exécuté économiquement en 2013 suite au chantage exercé par la BCE et l’Allemagne au Parlement de Chypre), en violation flagrante des traités qui sont, supposons-le, les siens. Violation il faut dire, autant de la Charte de l’ONU, organisme étant devenu partie prenante de ce Putsch. Et le nouvel État croupion lequel serait issu de cette (ultime ?) métastase de l’UE germano européiste et atlantiste, irait forcement plus loin dans la vassalisation, qu’un “simple” protectorat sous tutelle de type néocolonial.
Mais à Athènes... neige ou pas, on peut toujours fréquenter le marché de Noel, toutefois, sous les humeurs... novatrices du débat bien de saison comme d’époque, à l’instar de celui organisé autour du thème relevant du lourd bilan pour la Grèce, comme de l’utilité de la zone euro en ce décembre de l’année 2016, année alors charnière, d’un siècle qui se promet déjà fort... acharné.
Il ne faut pas perdre de vue, que d’après également un récent sondage, la grande majorité des Grecs, plus précisément 84% d’entre eux, estiment que l’UE a pris une orientation erronée, tandis que cette même opinion publique est partagée sur les effets positifs (44%) ou négatifs (45%), résultant de la participation de la Grèce à l’UE (presse grecque du 18 décembre 2016) . Je peux affirmer sans risque de me tromper que ce rejet de l’européisme est encore plus significatif car au-delà des résultats des sondages, c’est alors de l’humeur palpable et c’est dans l’air de ce temps qui est le nôtre.
Pour reprendre ici les mots de l’économiste Alberto Bagnai comme autant d’Olivier Delorme, “cette UE est ce qui a permis aux gouvernements de poursuivre des objectifs politiquement inacceptables dont cette UE a été aussi le principal vecteur”. Sauf que “les empires finissent généralement par s’écrouler sous le poids de leurs propres tares et meurent bien avant que le légiste ne constate leur décès. Entre-temps, ils continuent à courir comme un canard auquel on aurait coupé la tête” (Olivier Delorme).
(...) Toute cette histoire à dormir debout sur la prétendue possible “autre Europe”, bouillie remâchée, macérée, et enfin imbibée de nouveau dans sa salive européiste de gauche (et autant exactement pour les... maxillaires de droite), que l’on discerne depuis plus de trente ans, surtout durant les moments... poétiques des campagnes électorales, ce n’est que du poison destiné très exactement à neutraliser les neurones et autant le sens critique des citoyens, en France et partout ailleurs dans ce parc d’attraction mortifère de la Paneuropa, en réalité déjà morte.
Dans pas très longtemps, nous nous rappellerons alors des brisures de la défunte UE, comme on observe parfois à Athènes ces brisures... des temples antiques, entreposés dans la cour du service de l’archéologie. (...)
Voilà, l’hybris est toujours une attitude qui finit par devenir coûteuse. Grande roue et alors immense symbole de la folie espérons bientôt en panne. En attendant... 2017. “Guarda e passa” ?