
Le processus d’adoption de la nouvelle « gouvernance économique » fait son chemin. Du côté du Conseil, le « Pacte pour l’euro » engage les gouvernements sur la voie de politiques d’austérité renforcées. Le Parlement européen devra quant à lui se prononcer début juin sur le paquet de « gouvernance économique » qui comprend les principales mesures du nouveau dispositif.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi le feuilleton, la « gouvernance économique », en deux mots, c’est cet ensemble de mesures qui renforcent la surveillance et les contraintes sur les dépenses et l’endettement publics (...)
Concrètement, ce renforcement de l’« orthodoxie » budgétaire devrait s’accompagner mécaniquement de son lot de mesures d’austérité dans tous les pays de l’UE : réduction de l’emploi public, avec éventuellement blocage des salaires, coupes dans les services publics et privatisations, réductions des pensions et financiarisation des retraites, réformes du droit du travail pour faciliter les licenciements, mise en place d’une fiscalité « business friendly »… (...)
Mais si les plans d’austérité font le malheur des populations, ils ont tendance à faire rougir de plaisir les marchés financiers. (...)
les dirigeants européens, dans leur sagesse jean-monnesque, ont bien saisi les causes de la crise de la dette : salaires trop élevés, services publics sur-subventionnés et inefficaces, systèmes de protection sociale trop « archaïques » et droit du travail pas assez « flexible ». Du coup histoire d’être sûr que ces salauds de fonctionnaires, de syndicalistes et d’assistés ne nous fassent pas replonger une seconde fois dans la crise, ils ont prévu des sanctions pour les gouvernements qui ne se plieraient pas à la « discipline » de la nouvelle gouvernance économique. (...)
les amendements aux propositions de la Commission qui ont été votés le 19 avril par le comité des affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen ont même renforcé certaines dispositions contraignantes de surveillance des budgets, tout en laissant délibérément de côté la question de la régulation financière. Au point que les Verts et le Parti socialiste européen, au risque de rompre avec le « consensus » cher aux institutions européennes (ce qui est très sale et malpoli, vous en conviendrez), se sont finalement opposés à l’adoption des rapports d’amendement. (...)
En attendant la mise en œuvre des dispositions de gouvernance économique, en cours de ratification, les gouvernements se sont livrés au cours du sommet à une sorte de braderie des droits sociaux, chacun étant sommé d’apporter sur la table les mesures d’austérité qu’il a d’ores et déjà pris et qu’il pourrait prendre à court terme dans son pays. Côté français, Sarkozy n’a pas été en reste, il a notamment proposé l’inscription dans la Constitution du principe d’équilibre des budgets publics, et l’application de la réforme des retraites votée fin 2010 [2]. Ce à quoi il aurait pu ajouter la suppression 31000 postes de fonctionnaires en 2011 (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux), et la non-indexation des salaires des fonctionnaires (...)
Désormais, la balle est du côté du Parlement européen. Celui-ci devrait se prononcer en session plénière, du 6 au 9 juin à Strasbourg, sur le paquet de « gouvernance économique », dans des conditions assez exceptionnelles : le principe d’une procédure accélérée d’adoption ayant été actée au forceps par la majorité de droite au sein du comité ECON, les représentants des partis européens vont négocier avec le Conseil - de manière tout à fait opaque - un texte qui pourra être adopté en plénière. (...)
Un autre enjeu concerne l’émergence d’une véritable mobilisation populaire dans les pays européens, face à ce que le président de la Commission appelle lui-même une « révolution silencieuse [4] ». Face à cette révolution, il est essentiel d’allumer des contre-feux. Et d’organiser, au plus tôt, une véritable contre-offensive coordonnée à l’échelle européenne.
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PS : Le Corporate Europe Observatory et le réseau des Attac d’Europe organisent une pétition à destination des députés européens pour les enjoindre à voter contre la nouvelle « gouvernance économique » européenne.
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