
Alors que l’Europe doit décider de sa réautorisation lundi 27 novembre, « Le Monde » relate comment les agences officielles ont blanchi l’herbicide en recopiant les évaluations fournies par Monsanto.
(...) Le sort de l’ingrédient actif du Roundup, le désherbant best-seller de Monsanto, est suspendu à de laborieuses tractations entre la Commission européenne et les vingt-huit Etats membres. Alors qu’il ne reste plus que deux mois avant l’expiration de sa licence, la suspicion a contaminé jusqu’à l’opinion publique. (...)
En septembre, la défiance a atteint son paroxysme. Une ONG autrichienne, Global 2000, a révélé, documents à l’appui, que de longs passages du rapport d’évaluation officiel sur la toxicité du glyphosate étaient parfaitement identiques au dossier déposé par Monsanto pour solliciter le renouvellement de son produit. Son surlignage coloré met en évidence une centaine de pages copiées-collées par les agences européennes.
Or ces pages sont précisément celles qui innocentent le produit : ni toxique pour la reproduction, ni cancérogène, ni génotoxique – une capacité à endommager l’ADN qui peut entraîner des cancers. C’est sur la base de cette évaluation que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait acquitté le glyphosate à l’automne 2015. Et l’opinion de cette agence, déterminante, constitue le socle du verdict attendu lundi 27 novembre. A moins qu’il s’agisse, mot pour mot, de l’opinion d’un employé de Monsanto. C’est ce que notre enquête, en remontant la piste de ces copiés-collés, permet de démontrer.
« Les parties qui devaient être copiées ont été copiées »
La firme agrochimique a refusé l’invitation. Aux eurodéputés qui l’avaient conviée, elle a rétorqué :
« Ce n’est pas le rôle du Parlement européen de questionner la crédibilité de la contribution scientifique des agences indépendantes européennes ou de celles de pays tiers. » (...)