
Le feuilleton du glyphosate continue. La Commission européenne a formellement adopté, mardi 12 décembre, le texte renouvelant l’approbation du glyphosate pour cinq ans. Elle en a également profité pour apporter ses premières réponses à l’Initiative citoyenne européenne (ICE) Stop glyphosate, lancée le 8 février par une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG). Ayant réuni à ce jour plus de 1,3 million de signatures à travers l’Europe, cette pétition est dotée d’une valeur légale : conformément au droit de l’Union, la Commission est tenue de lui donner suite.
Trois demandes étaient formulées par l’ICE. D’abord « interdire les pesticides à base de glyphosate ». Demande rejetée : la réautorisation de l’herbicide a été adoptée par une majorité d’Etats membres, le 27 novembre. Ensuite, réformer le système d’évaluation des pesticides afin qu’il soit fondé « uniquement sur des études ayant été publiées, commandées par les autorités publiques compétentes et non par l’industrie des pesticides ». Ce point crucial est au cœur de la remise en question du processus d’expertise européen au fil de ces deux dernières années.
Réponses imprécises sur la transparence des études
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) des Nations unies a classé l’herbicide « cancérigène probable pour l’homme » sur la base d’études scientifiques publiées dans la littérature scientifique, donc accessibles à quiconque. Les agences européennes, elles, le jugent sûr en se reposant sur un dossier qui, fourni par les industriels commercialisant le glyphosate, contient des études financées et sélectionnées par ces derniers. Une succession de révélations a récemment conduit à questionner l’intégrité et de ces études et de leur évaluation par les autorités.
La Commission est restée imprécise sur les réponses à apporter à ces questionnements, (...)
L’exécutif et les demandes des citoyens
Quant à la troisième demande de l’ICE — « fixer à l’échelle de l’UE des objectifs obligatoires de réduction de l’utilisation des pesticides », la Commission « ne l’envisage pas à ce stade ». L’exécutif européen « ignore les demandes des citoyens », a estimé Corporate Europe Observatory, l’une des ONG à l’initiative de l’ICE. Pour Greenpeace Europe, Bruxelles « rejette » purement et simplement les requêtes formulées. « La Commission essaie de déguiser son rejet de l’initiative Stop glyphosate avec de vagues propositions de transparence », selon Franziska Achterberg, la responsable de l’alimentation pour l’ONG. (...)
Une heure avant l’intervention des représentants de la Commission, plusieurs eurodéputés, dont les Français Michèle Rivasi (Europe écologie-Les Verts) et Eric Andrieu (Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen), organisaient une conférence de presse pour annoncer le lancement d’un recours en annulation de la réautorisation du glyphosate auprès de la Cour de justice de l’UE. (...) la Commission des affaires juridiques du Parlement doit s’autosaisir. Il reviendra ensuite au président du Parlement de faire suite. (...)