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Georg Elser (1903-1945) - Un homme seul contre le nazisme
#nazisme #resistance
Article mis en ligne le 22 avril 2023

Le 8 novembre 1939, une bombe explose au Bürgerbraükeller, une brasserie de Munich, une dizaine de minutes après le départ d’Hitler. On retrouve vite Georg Elser, l’auteur de cet attentat manqué, on l’oublie vite aussi. Le parcours de cet ouvrier anonyme qui a agi seul est pourtant singulier.

(...) Il y eut, entre 1933 et 1945, une douzaine de tentatives d’attentats contre Hitler. Deux bombes seulement explosèrent, ratant de peu leur cible, la première le 8 novembre 1939 à Munich, la seconde au quartier général du Führer, la Wolfsschanze, le 20 juillet 1944. Tous les Allemands ont appris à l’école que l’auteur de l’attentat du 20 juillet était le comte Claus von Stauffenberg, devenu après la guerre un héros national en RFA, mais combien savent que la bombe qui manqua tuer le dictateur nazi en 1939 était l’œuvre de Johann Georg Elser, un simple ouvrier ayant agi seul et dont le nom aurait totalement disparu de la mémoire collective si un lot d’archives de la Gestapo, retrouvé par hasard dans les années 70, ne l’avait sauvé de l’oubli ?

LA VIE BANALE DE GEORG ELSER (...)

Le récit que nous avons du cheminement qui mena Georg Elser du non-engagement à la tentative d’assassinat du dictateur nazi nous vient des archives de la Gestapo. Rien, même la torture, ne put amener l’ouvrier devenu contremaître à reconnaître d’autres mobiles que des considérations fort simples et fort ordinaires, certainement partagées par des millions d’Allemands à la même époque.

La première et principale raison invoquée par Elser pour expliquer son geste est la certitude qu’Hitler conduit le pays à la guerre. (...)

Les autres griefs d’Elser contre le régime nazi et son chef ne sont pas plus originaux : les salaires trop bas (car contrairement à une légende tenace le niveau de vie des ouvriers de l’industrie en 1938 est toujours inférieur à ce qu’il était en 1929), et l’emprise de l’État nazi sur la vie privée des citoyens. Dans les procès-verbaux de ses interrogatoires, Georg Elser affirme avoir été persuadé que "les ouvriers étaient exaspérés contre le gouvernement" et qu’il fallait "faire quelque chose". Il dit en avoir souvent discuté avec d’autres, des collègues, des inconnus rencontrés dans les trains ou les restaurants, qui partageaient ses idées. Par contre il ne peut donner aucun nom et soutient n’avoir jamais parlé à personne de ses projets.

Georg Elser n’est pas un fou, ni un exalté ; il n’est même pas d’un caractère enthousiaste. Une fois sa décision prise il va procéder comme l’ouvrier horloger qu’il est, avec méthode et précision. Il conçoit un plan, puis l’exécute méticuleusement jusqu’au bout. (...)

Georg Elser était un très bon ouvrier, mais pas un terroriste professionnel. S’il l’avait été, il aurait lu chaque jour les journaux, et aurait appris qu’Hitler avait annulé sa participation à la commémoration du putsch manqué. Elser aurait alors stoppé son travail et serait rentré à Königsbrönn. Mais il n’en sut rien, et ne sut pas non plus qu’Hitler s’était ravisé quelque temps plus tard. (...)