
Un ouvrage qui offre un parcours dense et cohérent et deviendra certainement une référence incontournable de l’éthique des relations internationales
Fiat justitia et pereat mundus : "que la justice soit, le monde eût-il à en périr"…
Pour critiquer un tel adage et ses conséquences apocalyptiques, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer nous propose une éthique prudentielle fondée sur le refus de sacrifier des vies au nom de la cohérence morale. "Droit ou devoir d’ingérence", "intervention humanitaire" (humanitarian intervention), "responsabilité de protéger"…autant de vocables qui nous sont aujourd’hui familiers et dont La guerre au nom de l’humanité nous révèle pourtant l’étonnante étrangeté. A partir d’une analyse historique dense et pertinente, l’ouvrage offre les contours des principes fondateurs de cette "guerre au nom de l’humanité", lui conférant ainsi une légitimité renouvelée. Car il ne faut pas se méprendre, si l’ouvrage contient bien une dimension critique – notamment sur les origines et la portée de la Responsabilité de protéger adoptée par l’Organisation des Nations Unies en 2005 – il se présente explicitement comme une justification argumentée du recours à la force armée en cas de crises humanitaires majeures (génocides et crimes contre l’humanité). (...)
le problème central de l’ouvrage : Une intervention militaire doit-elle être désintéressée pour être qualifiée d’intervention menée au nom de l’humanité ? Est-il possible et souhaitable de mener de telles guerres sans aucune motivation égoïste ? A quelle condition la notion "d’intention humanitaire" peut-elle être une catégorie juridique pertinente ? Ces questions classiques de la philosophie morale sont ici étudiées dans le cadre des relations internationales, ce qui leur confère une dimension politique renouvelée. Le problème rebattu du rapport entre droits de l’homme et souveraineté est intelligemment résolu en introduction, pour laisser toute sa place à l’enquête épistémologique et morale sur "le rôle de l’intention et les motivations en relations internationales", afin d’en proposer une "appropriation juridique et politique"
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