
C’est Eric Hazan, dans un livre passionnant, qui m’avait sensibilisé à l’importance du choix des mots dans le débat. Gageons que l’euro fort est plus populaire que l’euro cher… D’où mon choix de parler d’anarchie néolibérale, de parasites fiscaux, de désertion fiscale ou de camisole budgétaire. Le livre de Danièle Favari sur le traité transatlantique démontre que la guerre des mots aura lieu aussi sur ce sujet.
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-* Obstacles non tarifaires : la novlangue néolibérale veut connoter de manière négative tout ce qui peut freiner les échanges entre pays. C’est pourquoi elle choisit le terme obstacle. Mais en réalité, il s’agit des normes qui protègent notre santé et notre savoir-faire. Notez que si on utilisait ces termes, l’envie de les démanteler passerait sans doute assez vite…
- Barrières : tout obstacle au commerce ou aux flux de capitaux doit absolument être disqualifié. Il faut donc donner envie de les supprimer, comme toutes les frontières. En réalité, il ne s’agit que de sas, qui s’ouvrent et se ferment, et permettent ainsi de contrôler ce que l’on laisse entrer.
- Coûts inutiles : en ces temps d’austérité, le motif économique doit lever toute envie d’avoir des normes nationales. Elles sont donc qualifiées de coûts inutiles, comme si tous les contrôles étaient inutiles, balayant le fait que les Français ne veulent pas consommer d’hormones de croissance dans leur viande, au contraire des étasuniens. Pour mieux les défendre, préférer tests qui garantissent notre sécurité.
- Réduire les essais redondants et onéreux : encore une belle astuce sémantique des défenseurs du TAFTA pour biaiser le débat. Qui pourrait souhaiter maintenir des essais redondants et onéreux ? Mais, parions que l’opinion sera défavorable au fait de réduire la sécurité et l’inocuité de ce que nous consommons (...)