
Docteur en philosophie, Gabrielle Halpern s’inspire de la figure mythologique du centaure pour révolutionner notre rapport à l’identité et à la rationalité. Et si l’imaginaire nous permettait de créer de nouveaux mondes ?
(...) Gabrielle Halpern, une philosophie de l’hybridation incarnée
Le centaure n’a pas d’identité, il est déstabilisant, il est le fruit d’un mariage interdit, il peut même susciter la défiance. Gabrielle Halpern a justement voulu s’intéresser à la connotation négative du mythe du centaure et de l’hybridation, car la vie est une métamorphose permanente, elle n’a pas d’essence, et c’est ce qui nous rend libres. Tout comme le bien et le mal n’existe pas, personne n’est totalement mauvais, personne n’est totalement bon.
Gabrielle Halpern s’est posé la question : comment peut-on encore penser après Auschwitz ? Alors que la langue allemande, langue de la philosophie, a pensé la Shoah, comment peut-on encore faire appel à la raison, à la pensée ? S’il y a eu une pensée de la Shoah, la pensée elle-même ne s’est-elle pas annulée ? Alors si la recherche de la pureté a pu mener à une pensée aussi innommable que celle de la Shoah, peut-être faut-il aller vers l’hybridation ? Embrasser cette hybridation, pour nous détacher des fractures qui cisaillent nos corps autant qu’elles cisaillent nos sociétés... Sauver nos sociétés par le mélange... (...)
« J’ai beaucoup de mal avec cette question de pureté. Je combats justement cette idée de pureté, car on sait à quoi elle peut mener... C’est un véritable enjeu politique contre la crise identitaire. » (...)