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Attac 33
Front contre Front
Jean-Luc Gasnier
Article mis en ligne le 3 mai 2013

A Bordeaux comme partout en France, ce fut un défilé du premier mai bien pâlichon, bien maigrichon, avec un cortège à trous, illustrant la division syndicale et une certaine forme de démobilisation face à la montée du chômage et au recul persistant, sous un gouvernement socialiste, des acquis sociaux et en particulier du droit du travail. Le syndicalisme français traverse une mauvaise passe, ou plutôt semble engagé dans un cercle vicieux : ses troupes s’étiolent à proportion de son incapacité à défendre efficacement les travailleurs, cette impuissance syndicale étant aussi, elle-même, la résultante de la diminution du nombre des adhérents.

Au-delà du cercle des militants et des syndiqués, l’ensemble de la société semble frappée d’apathie. Les urgences et les périls qui nous menacent nécessiteraient pourtant un engagement massif de tout le mouvement syndical et alternatif, de toutes les forces opposées à la marchandisation du travail et de la société pour une refondation sociale et écologique. Mais, pour l’instant, c’est plutôt le contraire qui se produit : « le malaise dans la civilisation » semble profond et nous sommes aujourd’hui incapables de nous choisir un destin collectif et de lutter dans la solidarité. Les causes défendues par tel groupement, tel syndicat, telle association, sont le plus souvent étrangères aux autres . Les choix à court terme et les solutions de repli dominent.

Il faut sans doute revoir collectivement notre copie, faire un travail d’analyse et d’introspection général, pour ne pas laisser le capitalisme réveiller tous les mauvais réflexes d’une société divisée et fatiguée.

Car le 1er mai fut aussi l’occasion pour Marine Le Pen de parader et de nous promettre le côté lumineux de la Force en proposant à une France, « enfermée dans les ténèbres de l’Europe », « la lumière de l’espoir ».

Aujourd’hui, le Front National prospère sur les renoncements du gouvernement, sur une certaine complaisance des médias, mais profite aussi certainement de la faiblesse réactive de l’opposition de gauche.

Le 5 mai pourrait faire contrepoids au 1er mai du FN mais ce rendez-vous doit surtout être le prélude à d’autres prolongements : il est grand temps de construire un vaste front décidé à s’émanciper d’ un type de société qui doit fondamentalement être remis en cause.