
Comme annoncé dans le quatrième épisode du podcast, Frédéric Lordon revient sur son article de juin, « Union européenne, zizanie chez les “sages” », consacré à une querelle ésotérique et passée largement inaperçue au cœur de la zone euro. Querelle rendue plus sensible encore par la crise du coronavirus.
Au début de son article, Frédéric Lordon écrit au sujet du PSPP : « pas de quoi a priori faire le décor d’une rixe à coups de toges et d’hermines ».
« En fait il y a de quoi »
Explication par focales successives
Les « sages » se désavouent à tour de rôle et, pour l’heure, c’est le juge constitutionnel allemand qui accuse le juge constitutionnel européen d’ignorer la loi.
Car les traités et les statuts, disent les juges allemands, mettent les interventions de la BCE sous une condition de « proportionnalité » — enfreinte en l’occurrence, considèrent-ils.
« Le juge constitutionnel allemand est le seul qui fasse de la politique. »
Quelle règle de proportionnalité ?
Il y en a trois
En réalité, c’est une troisième règle de proportionnalité qui porte le courroux allemand : les interventions de la BCE se doivent de ne pas avoir d’effets collatéraux « disproportionnés » sur l’économie. Mais cette règle-là est des plus filandreuses. Quels sont les critères de cette « disproportion » ?
« La théorie économique permet de bâtir à peu près n’importe quel énoncé, c’est Playmobil ! »
« Il y a là un paradoxe tout à fait succulent »
L’Allemagne et les autres
Comment articuler ces considérations sur l’opposition entre l’Allemagne et l’Union européenne (UE) au sujet du PSPP de la BCE, avec les différentes mesures annoncées ces dernières semaines pour faire face à la crise du coronavirus, plan de relance européen, coronabonds etc. ?
« Une chatte n’y retrouverait pas ses petits »
Un peu d’ordre analytique
• Première distinction : dette unique de l’UE ou dette commune des États membres (eurobonds ou coronabonds).
• Deuxième distinction : rachat ou annulation des dettes par la BCE.
« La banque centrale s’imprime des petits biftons dans la cave, et elle se les donne à elle-même »
« Il se passe quelque chose en Allemagne »
Délicat compromis
Le 13 mai dernier au Bundestag, Angela Merkel tenait des propos assez surprenants.
« Rendez-vous dans un an, quand ça va mordre pour de bon. »