
Mardi 28 mai, François Hollande et Angela Merkel déclaraient, lors d’une conférence de presse à Paris, qu’ils allaient engager une « offensive » franco-allemande pour soutenir l’emploi des jeunes.
François Hollande soulignait que dans l’Union européenne « prés de 14 millions sont sans travail, ne suivent pas d’études ou ne sont pas en apprentissages ». Il précisait « 6 millions de jeunes [de 15-24 ans] sont au chômage en Europe ». La différence entre les deux chiffres signifiait simplement que 8 millions de jeunes sans travail ne sont pas indemnisés.
En France, des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation s’élève à 14,9 % de cette tranche d’âge et les contrats précaires sont le lot de 32,9 % de ceux qui ont un emploi[1].
Ce ne sont pas, malheureusement, les « contrats de générations » mis en place par le gouvernement Ayrault qui changeront grand-chose à cette situation. L’Observatoire des conjonctures économiques[2] estime que l’ « effet d’aubaine » lié à ces contrats sera très important. Sur 500 000 contrats de génération prévus sur 3 ans, ce sont, au mieux 78 000 emplois nouveaux qui seront créés, soit 26 000 par an. Ce chiffre de 26 000 est intégré dans les prévisions de l’Unedic qui chiffre à 178 000 le nombre de demandeurs d’emplois (indemnisés) supplémentaires en 2013 et à 129 000 en 2014.
L’ « effet d’aubaine » signifie que les employeurs embaucheront des jeunes qu’ils auraient de toute façon embauchés, garderont des salariés de plus de 55 ans qu’ils auraient de toute façon gardés mais empocheront au passage les importantes exonérations de cotisation prévues par ce type de contrat.
Engager l’ « offensive » contre le chômage des jeunes paraît des plus opportunes. L’incitative conjointe d’Angela Merkel et de François Hollande pose cependant plusieurs questions. (...)
La droite européenne, dont Angela Merkel est la tête de file et José Manuel Barroso (le président de la Commission européenne) le second couteau, a imposé les plans de destruction sociale qui frappent la Grèce, le Portugal, l’Irlande ou l’Espagne. Elle a également imposé qu’en Grèce, le Smic jeunes diminue de 32 % (de 751 euros à 510 euros par mois). Le résultat de cette politique, nous l’avons sous les yeux : 60 % des jeunes Grecs sont au chômage et les jeunes Grecques sont les plus touchées.
Est-il, dans ces conditions vraiment judicieux pour François Hollande de s’engager aux côtés d’Angela Merkel dans une « offensive » contre le chômage des jeunes, sans émettre de critique sur les effets de la politique de la chancelière allemande quant à la situation catastrophique de l’emploi des jeunes en Europe ? (...)