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Feux au Canada : pourquoi la forêt boréale brûle si facilement
#rechauffementclimatique #forets #ecosysteme
Article mis en ligne le 13 mai 2023

De gigantesques incendies ravagent la forêt boréale en Alberta, dans l’ouest canadien. La hausse des températures a rendu la saison des feux plus précoce.

La zone boréale, anneau enrobant l’hémisphère nord à partir du sud du cercle arctique, recouvre un tiers des zones boisées de la planète. Les forêts qui peuplent sa partie canadienne s’étendent sur près de 3 millions de kilomètres carrés, du Yukon jusqu’à Terre-Neuve-et-Labrador. Elles rassemblent loups, orignaux, ours, castors et la moitié des espèces d’oiseaux du pays. Une paisible étendue ravagée par les flammes. Près de 30 000 personnes, dont 5 000 membres des communautés autochtones, sont sommées de quitter leur logis.

Pour Christian Messier, membre de la Chaire du Canada sur la résilience des forêts face aux changements globaux, la forêt boréale encaisse difficilement le choc du mercure qui grimpe. « Les feux en Alberta, c’est naturel, certes. Et la forêt boréale a un cycle court — 100 à 200 ans —, les incendies sont donc fréquents. Mais on voit un schéma s’installer ces dernières années : moins de neige, un printemps hâtif, plus chaud. Tout est plus sec et donc propice à ce que les forêts s’enflamment davantage, ce qui arrive de plus en plus au printemps. » (...)

« Les arbres ont développé des résines pour lutter contre les insectes… mais les résineux brûlent très facilement. Et l’Alberta est particulièrement sec : la précipitation moyenne est faible, entre 4 et 600 millimètres d’eau par an. Au Québec, on dépasse les 1 000. »

À cela s’ajoutent les épidémies d’insectes. « Quand le sol des arbres manque d’eau, les espèces ferment leurs stomates, — les pores à la surface des feuilles, qui permettent les échanges de gaz entre la plante et l’air — ainsi, elles évitent de transpirer, mais cela empêche la photosynthèse. Ce qui fait que l’arbre a moins d’énergie pour résister aux insectes et meurt plus facilement. » (...)

Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent une remontée de la forêt boréale vers le nord, grignotée par la forêt tempérée. « D’ici cent ans, la partie septentrionale va disparaître. Cela va devenir trop chaud, trop sec. Tout ce qui pourra pousser, ce sont des graminées », explique Christian Messier. (...)

D’après Ressources naturelles Canada, l’Alberta fera face à un risque d’incendie extrême ce week-end, avec des températures flirtant avec les 30 °C.