
Frappée par l’austérité, placée sous tutelle de la Commission européenne, la Grèce vient de franchir une nouvelle étape vers l’autoritarisme. Le 11 juin, le gouvernement a brutalement fermé par décret la radio-télévision publique. Sous prétexte de réduire le nombre de fonctionnaires, il se débarrasse ainsi d’un vecteur d’informations de plus en plus gênant. Au profit des chaînes privées, contrôlées par des intérêts économiques proches du pouvoir. Basta ! était aux côtés des milliers de manifestants qui ont entouré le siège de la radio-télévision pour retarder l’assaut des forces de l’ordre.
(...) Le gouvernement justifie sa mesure par l’injonction de la Troïka de supprimer 2 500 postes de fonctionnaires d’ici juillet. En fermant la radio-télévision et en licenciant ses 2 650 employés, le Premier ministre, Antónis Samarás, réalise d’un coup cet objectif. ERT et ses trois chaines de télévision constituent « un cas exceptionnel d’absence de transparence et de dépenses incroyables », a affirmé le porte-parole du gouvernement en annonçant la fin des programmes. « Cette décision est prise en dehors de toute raison. La télévision publique ne pèse pas sur le budget national car elle est financée par la redevance et la publicité, explique à Basta ! Nicky Tselika, rédactrice en chef du journal télévisé de l’ERT. L’État va même perdre de l’argent avec cette décision, car les chaines de télévision étaient excédentaires. » (...)
Les journalistes sont déterminés à occuper le bâtiment, tant que les forces de l’ordre ne réussissent pas à faire évacuer les lieux. Sur les chaines privées, les journalistes ont cessé leur travail jusqu’à 1h du matin en solidarité avec leurs collègues. Une grève générale est prévue jeudi à Athènes.