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Face aux boues rouges toxiques, l’État sommé d’agir
Article mis en ligne le 14 février 2019

Mardi 12 février, les membres de l’association ZEA ont déversé des boues rouges devant le ministère de la Transition écologique. Issues de l’usine d’alumine Alteo de Gardanne, ces boues chargées en métaux lourds et radioactives sont stockées près de zones habitées, et « valorisées » sous le nom de Bauxaline.

Ça s’est passé en quelques instants, peu avant 9 heures, ce mardi 12 février. Un camion-benne a manœuvré boulevard Saint-Germain, à Paris. À la fin de sa marche arrière, devant la porte du ministère de la Transition écologique et solidaire, il a levé sa benne pour en déverser le contenu sur le trottoir : dix tonnes de boues rouges, les résidus de la production de l’usine d’alumine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône). Une dizaines de militants écologistes ont déployé des banderoles. « Stop aux territoires toxiques ! L’État doit agir ! » L’association ZEA a revendiqué cette action de désobéissance civile. Au même moment, plusieurs activistes ont « livré » également une tonne de boues rouges, non loin de l’Arc de Triomphe, devant le siège parisien de HIG, un fonds d’investissement étasunien propriétaire d’Alteo. (...)

la dangerosité des déchets du traitement de la bauxite, dans lesquelles on trouve des métaux lourds, de l’arsenic… et un taux de radioactivité supérieur aux normes. De son côté, Alteo prétend toujours à « l’innocuité » des résidus de sa production, devenus même un produit commercialisable, breveté sous le nom de Bauxaline. (...)

Depuis 2015, les écologistes haussent le ton pour que les fameuses boues rouges ne soient plus disséminées dans l’environnement. Depuis le 1er janvier 2016, Alteo ne peut plus envoyer la partie solide de ses effluents dans la conduite de 50 km qui les déversait depuis 1966 dans le canyon marin de Cassidaigne, au cœur d’un espace devenu Parc national des Calanques. (...)

En conséquence, le stockage à terre a repris, à raison de 350.000 tonnes par an, estime ZEA, sur le même lieu utilisé jusque dans les années 1960 : la colline de Mange-Garri, sur la commune de Bouc-Bel-Air, située au-dessus de l’usine. (...)

Les conséquences sur la santé des riverains sont probablement graves. (...)

Les plus proches habitent le long de ce qu’Aurélien Carrodano, Gardannais de naissance et soutien parisien de l’action de ZEA, surnomme « le chemin des cancers ». Pas une famille n’est épargnée par le mal le long de cette voie. « L’été dernier, l’un des riverains, lanceur d’alerte historique, M. Khaldi, est mort de multiples cancers. Mais il est difficile d’établir formellement le lien avec la concentration de boues rouges. C’est pour cela que nous allons lancer une étude épidémiologique participative, dite Epseal, comme celle faite à Fos-sur-Mer », explique Olivier Dubuquoy, tout en déplorant que l’État ne se charge de l’évaluation des risques et de la protection des populations (...)

Le danger des boues rouges ne se circonscrit pas aux abords de l’usine et de Mange-Garri. ZEA dénonce une « dissémination de la pollution » à cause de la commercialisation de la Bauxaline. (...)