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Face au djihadisme, que serait une réponse de gauche ?
Article mis en ligne le 25 novembre 2015

Les attentats ont plongé le pays dans une émotion légitime et suscité le besoin d’affirmer notre unité. Mais chacun sait que les réponses, multiples, pour lutter contre le djihadisme sont de nature politique. Et qu’elles doivent préserver la démocratie.

Force est de constater que les thèses du FN ont le vent en poupe. À gauche, ne pas céder aux sirènes d’une voie guerrière, autoritaire et sécuritaire est une exigence intellectuelle et politique. Nous avons la responsabilité de ne pas faire sombrer la perspective d’une vie meilleure et d’un monde de paix dans les décombres des attentats. (...)

Face au discours dominant qui tire à droite, c’est une autre cohérence qu’il faut porter avec énergie et détermination. Cette cohérence consiste à opposer à la barbarie plus de démocratie, de liberté, d’égalité et d’humanité. Elle vise à sortir de la logique guerrière pour construire une intervention internationale unissant les forces démocratiques à même d’anéantir Daesh. (...)

Ce dont nous avons besoin, c’est de moyens inédits pour renforcer la cohésion sociale par un investissement massif dans l’humain, c’est-à-dire dans les services publics, le monde éducatif et culturel, le tissu associatif. Il nous faut endiguer tous les phénomènes de relégation, les amalgames et les discriminations, et réinvestir un imaginaire émancipateur. Ce crédo sera assumé à gauche ou ne sera pas. (...)

. Faut-il rappeler que l’un des tueurs du vendredi 13 novembre, qui venait de Belgique, a subi quatre contrôles de papiers juste avant les faits ?

Instaurer la déchéance de nationalité permettrait-il de lutter contre le terrorisme ? Des personnes capables de mourir au nom de Daesh ne vont pas renoncer à tuer parce qu’ils sont déchus de la nationalité française ! Dans un climat de peur, des solutions aussi absurdes que dangereuses pour les droits humains s’imposent dans le paysage. Elles renforcent l’original et non la copie. À gauche, nous avons tout à y perdre.

Les manifestations sont aujourd’hui interdites, mais on peut continuer à faire ses courses dans une grande surface… C’est une victoire pour ceux qui veulent nous terroriser et atteindre notre vie démocratique
(...)

Le flicage généralisé n’est pas une bonne réponse parce que ces terroristes passent à travers les mailles de ce genre de filets. Le parti pris sécuritaire n’est pas une bonne réponse parce qu’il porte en germe le recul des libertés. Notre État de droit n’est pas dépourvu de moyens légaux pour remonter les filières djihadistes. Contrairement à ce qui a abondamment été dit, l’opération de Saint-Denis aurait pu être menée sans l’état d’urgence. Ce sont les moyens concrets, humains qui font le plus cruellement défaut par ces temps de disette budgétaire. (...)

L’Organisation de l’État islamique vit notamment grâce à la manne pétrolière ou au trafic de matières premières, telles que le coton. Nous devons leur couper les vivres. Au lieu de frapper à l’aveugle des civils syriens, aidons matériellement les forces qui, sur le terrain, combattent Daesh. Je pense notamment aux Kurdes qui se battent courageusement pour faire reculer l’OIE et pour leurs libertés. L’Union européenne, pour ne pas froisser la Turquie d’Erdogan, préfère qualifier le PKK d’organisation terroriste. Est-ce sérieux ? Où est la fermeté de Manuel Valls ?

Une stratégie au long court, c’est enfin et surtout construire avec détermination le cadre d’une intervention internationale sous l’égide de l’ONU, qui doit être refondée. L’union des forces démocratiques du monde entier est nécessaire pour faire face au danger de Daesh, qui est planétaire.
(...)

La paix au Proche et Moyen-Orient est aujourd’hui une condition de la paix dans le monde. Or, cette paix ne peut advenir sans la réussite des forces qui se battent dans les différents États de cette région pour la démocratie et la liberté. Nous devons les soutenir. La paix dans cette région suppose de trouver enfin une solution au conflit israélo-palestinien. Alors que c’est une condition de la paix dans la région et dans le monde, comment est-il possible que la pression internationale ne s’exerce pas en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec le partage de Jérusalem ? (...)

La justice sociale et climatique doit être à l’agenda urgent des instances internationales.

Nous sommes au pied de l’Himalaya. Je pense chaque matin depuis ce terrible vendredi 13 aux États-Unis. Après les attentats des tours jumelles, les interventions militaires en chaîne ont eu la peau de Ben Laden. Le Patriot Act a laminé les libertés. Pendant ce temps, l’Organisation de l’État islamique a prospéré. Nous avons le devoir de penser. Autrement. À gauche.