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Face à la multiplication des projets miniers, l’opposition s’organise
Article mis en ligne le 16 septembre 2017
dernière modification le 15 septembre 2017

Alors que des industriels lancent de nombreux projets de mines, les résistances et les oppositions locales s’organisent. Elles se sont réunies dans un forum organisé par l’association Ingénieurs sans frontières – Systèmes extractifs et environnements. L’occasion de faire le point des luttes minières en France.

Pollutions, nuisances, impacts sociaux, déstabilisation des territoires concernés, incertitude quant à l’emploi généré... autant de raisons qui expliquent que la plupart des permis exclusifs de recherche minière (Perm) de l’Hexagone ont vu se constituer des associations et des collectifs s’opposant aux projets miniers. Et ils sont bien souvent très actifs, comme en témoigne l’action spectaculaire des militants opposés au Perm de Kanbo, au Pays basque. Jeudi 14 septembre, au petit matin, ils ont lancé des travaux devant la maison du directeur de la société Sudmine, qui souhaite chercher de l’or dans les Pyrénées-Atlantiques. Ces mêmes opposants ont aussi prévu une manifestation à Bayonne, samedi 16 septembre.

La tendance à l’intensification de l’exploitation des ressources minérales est mondiale. Le renouveau minier français s’applique dans le cadre juridique et sous l’impulsion politique nationale. Mais l’opposition citoyenne naît et se construit principalement localement, dans les zones directement concernées par les projets miniers.

Relier ces différentes échelles pour « faire connaître et reconnaître le mouvement de contestation à l’échelle nationale » était l’objectif d’un forum sur les mobilisations citoyennes face aux impacts miniers organisé par l’association Ingénieurs sans frontières – Systèmes extractifs et environnements (ISF-SystExt), qui a réuni une soixantaine de personnes le week-end du 9 septembre 2017, dans le Val-d’Oise. (...)

En juin 2013, l’octroi du Perm de Tennie (Sarthe) à la compagnie minière Variscan avait constitué une première en France hexagonale, où aucun permis de ce type n’avait été délivré depuis une vingtaine d’années. La même année, des professionnels de la mine créaient le groupe thématique Systèmes extractifs et environnements (SystExt) au sein d’Ingénieurs sans frontières (ISF). Cette fédération, qui existe depuis 1982, compte trois autres groupes thématiques travaillant sur l’eau, les agricultures et les énergies et une vingtaine d’associations principalement implantées dans les écoles d’ingénieurs.
« Réfléchir et sensibiliser aux enjeux miniers »

Quatre ans plus tard, les projets miniers se sont multipliés en France. (...)

Légalement, la place des citoyens dans les questions minières reste cantonnée à des consultations éparses. Lorsque la population est bien informée, la mobilisation peut avoir lieu avant l’attribution du Perm. C’est le cas pour le permis de Kanbo, au Pays basque, demandé par la société Sudmine qui souhaite y chercher de l’or. La demande de permis a été déposée en novembre 2014. En février 2017, la consultation publique en ligne a eu lieu.

Cette consultation de 21 jours, dont l’existence est méconnue, est le seul espace d’expression des citoyens avant la délivrance ou non du Perm. Les avis ne sont que consultatifs, mais cela peut être un moyen pour la mobilisation de montrer sa présence. (...)

« L’effet domino » : si un projet aboutit, d’autres suivent

À l’expiration d’un Perm, les compagnies minières peuvent demander un permis d’exploitation. Une enquête publique a alors lieu, mais les avis des citoyens et celui du commissaire-enquêteur restent consultatifs. En Guyane, l’enquête publique portant sur Montagne d’or s’est terminée le 25 août. À la suite de la saisine de France nature environnement, la Commission nationale du débat public a annoncé le 6 septembre la tenue d’un débat public en Guyane sur le projet. Il aura lieu de mars à juin 2018. C’est une première victoire pour le collectif Or de question, car cela permettra de prolonger le débat public et d’offrir un nouvel espace médiatique à l’opposition au projet. (...)

« La mobilisation contre un projet minier n’est pas encore gagnée qu’un nouveau projet arrive déjà. » Une représentante de Mining Watch Romania, association mobilisée sur les projets miniers en Roumanie comme sur le site de Rosia Montana, insiste sur « l’effet domino » qui fait que si un projet aboutit, d’autres suivent. (...)

Dans l’Hexagone, le projet minier le plus avancé est celui de St-Pierre-Montlimart, dans le Maine-et-Loir, où des forages profonds ont été effectués dans le cadre de la phase d’exploration. Les résultats sont prometteurs, d’après le rapport trimestriel publié par la société Variscan. Il n’y a pas de contestation citoyenne organisée localement.