
Doit-on prendre peur pour le devenir de l’immense bibliothèque numérique européenne, Europeana ? Manifestement, des coupures budgétaires sont envisagées ces prochains temps, par la décision de la Commission européenne. Mais où en sommes-nous réellement de la valorisation du domaine public et du patrimoine culturelle au travers des outils internet ?
Une tribune est parue cette semaine sur le site du Monde, signée par les directeurs de grands établissements culturels français, pour déplorer la diminution drastique de crédits dont Europeana, la bibliothèque numérique européenne, pourrait faire l’objet. L’essentiel des financements du projet proviennent de la Commission européenne et l’équipe d’Europeana a prévenu que la baisse envisagée pourrait atteindre 90% de son budget, ce qui menace directement sa survie. (...)
SavoirsCom1 déplore cette politique budgétaire, qui fragilise une infrastructure importante pour la diffusion du savoir et de la culture ; mais notre collectif n’en dénonce pas moins l’écart manifeste entre la politique menée par les institutions culturelles françaises, signataires de cette tribune, et les principes d’ouverture promus par Europeana, notamment la préservation de l’intégrité du domaine public et la libre réutilisation des informations publiques.
Loin de n’être qu’une simple plateforme d’accès au patrimoine numérisé en Europe, Europeana a beaucoup fait pour promouvoir la diffusion la plus large de la connaissance et sa réutilisation. En travaillant avec CreativeCommons International, Europeana a mis au point la Public Domain Mark, qui constitue un outil essentiel pour que les institutions culturelles puissent diffuser des documents du domaine public numérisés, sans ajouter de nouvelles couches de droits. (...)
Le décalage avec la pratique des institutions françaises s’est manifesté de manière flagrante lorsque Europeana a lancé son application pour iPad, baptisée Open Culture. La condition de participation à ce projet était que les établissements acceptent la libre réutilisation des oeuvres du domaine public qu’ils fournissaient. Des institutions des quatre coins de l’Europe (Pays-Bas, Royaume-Uni, Portugal, Espagne, Pologne, Estonie, etc.) ont fourni plus de 350 000 images de leurs trésors. Mais on n’y trouve aucune institution française, car les contenus copyfraudés qu’elles diffusent sont incompatibles avec les principes d’ouverture promus par Europeana. (...)
SavoirsCom1 déplore vivement le double discours des institutions culturelles françaises et appelle à un changement de politique majeur en faveur de la libre diffusion de la connaissance. La vérité, c’est que par leur fermeture, les institutions culturelles françaises ont gravement nui à la destinée d’Europeana. Elles ont beau jeu à présent de critiquer la Commission européenne pour ses choix budgétaires, car elles ont en réalité une part de responsabilité dans ce qui se produit.
SavoirsCom1 en appelle au ministère de la Culture pour modifier la donne (...)