
(...) L’année 2011 fut celle de l’exacerbation de la crise capitaliste dans l’Union européenne qui revêtit successivement, pour la doxa gouvernementale et médiatique, les formes de la crise grecque, de la crise des dettes publiques, de la crise de l’euro, et dernièrement de la crise de gouvernance européenne.
(...) La population grecque, déjà pénalisée par l’absence totale de fiscalité sur les richissimes armateurs ou sur l’Église, entre autres évadés fiscaux, a pris de plein fouet des plans d’austérité à répétition qui ont provoqué un recul d’environ 6 % du PIB pour cette seule année. Privatisations des infrastructures, recul des salaires et des retraites, chômage : l’austérité avec un grand A. C’est tout juste si on n’a pas arraché aux Grecs le Parthénon ou acheté à bas prix quelque île. Car tout est bon pour spéculer : le défaut de paiement, l’assurance sur le défaut de paiement (CDS), que les banques possèdent ou non des titres grecs, etc. Le comble de la félicité pour les spéculateurs étant de parier que les plans d’austérité aggraveront la récession, les déficits, la dette et donc l’écart (le spread, parlons moderne) de taux d’intérêt entre les pays. Le résultat est éloquent : la dette publique grecque était de 120 % du PIB en mai 2010, à la veille de l’adoption du premier plan, elle est aujourd’hui de plus de 160 %. (...)
Mais la duperie a été organisée aussi contre tous les peuples européens. Depuis le Conseil européen des 24-25 mars, puis ceux des 21 juillet, 26-27 octobre et 8-9 décembre, le corsetage des politiques économiques et de la démocratie s’est peaufiné : Austérité salariale + Austérité monétaire + Austérité budgétaire = le triple A, symbole fétiche de la finance capitaliste. Chaque pilier de ce triptyque est désormais bien bâti.
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Il y a une limite à la duperie : on peut duper mille peuples pendant une année, un peuple pendant mille ans, mais pas mille peuples pendant mille ans.