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Slate.fr
Et si le confinement avait eu raison de Marie Kondo ?
Titiou Lecoq
Article mis en ligne le 28 juin 2020
dernière modification le 27 juin 2020

C’est un effet collatéral de la pandémie que l’on a négligé : et si le confinement avait eu la peau de la méthode KonMarie ? Pour rappel, il s’agit de la méthode de tri et rangement mise au point par Marie Kondo, cette Japonaise qui a fait du rangement un empire commercial à une échelle mondiale sous forme de conférences, stages, série Netflix, livres et une armée de consulant·es certifié·es prêt·es à venir ranger votre tiroir à merdouilles contre rémunération.(...)

L’angoisse de vivre dans une maison kondo-compatible

Je n’ai rien regretté parmi ce qui avait fini à la poubelle mais avec le confinement, j’étais bien contente d’avoir gardé tout un tas de trucs plus ou moins pourris et/ou cassés. Parce qu’à défaut de me fournir un frisson de joie, ils m’ont servi pour improviser des activités pour occuper les enfants. Ou bien ce tapis de sol dont je pensais qu’il ne me servirait plus jamais a été bien utile pour mes séances de gym.

J’ai essayé d’imaginer de passer le confinement dans une maison kondo-compatible, à savoir où il ne reste tellement rien que même le terme de minimalisme est excessif, et ça m’a collé une angoisse. (...)

Pour survivre au confinement, j’avais besoin de savoir que les objets étaient là, quelque part. C’est ce que raconte Amanda Mull dans un article de The Atlantic. Au début du confinement, elle a été contacté par un lecteur qui peu de temps auparavant avait appliqué la méthode Marie Kondo, et en avait été ravi. Mais depuis qu’il était confiné chez lui, il regrettait amèrement. Il avait même racheté des jeux qu’il avait jetés parce qu’il n’avait pas le temps de jouer avec sa famille.

Marie Kondo ferait-elle partie du monde d’avant ?

Et puis, il y a un côté vaguement survivaliste. L’idée de Marie Kondo de jeter même les choses dont on pourrait un jour se servir (elle propose pour les plus rétifs et les plus rétives de les mettre de côté pendant un an, après quoi, si on n’en a pas eu l’usage de s’en débarrasser) fonctionne dans une société où il suffit de sortir de chez soi pour aller dans un magasin en acheter un nouveau. Or nous venons de vivre une situation où ce n’était plus possible. (Et qui me paraît dans le fond être en lien avec un impératif écolo de détourner des objets pour les réutiliser plutôt que de les envoyer à la décharge.) (...)

Ranger me donnait une perspective

Dans le fond, on garde souvent des choses en cas de catastrophe. Et le fait que de nos jours, les maisons de riches sont extrêmement dépouillées va dans ce sens. (La maison des Kardashian, ou la maison dans le film Parasite.) C’est la preuve que les riches n’ont pas à s’inquiéter. Ils sont à l’abri du besoin. Ils n’ont donc pas besoin d’accumuler des objets.
Sauf que voilà, avec la pandémie et le confinement, c’est comme si le monde nous avait donné raison, à nous les angoissé·es. Autant dire que je ne suis pas près de jeter cette baguette en bois cassée qui me sauvera peut-être la vie dans dix ans.(...)