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le Monde
Et si en 2013, vous étiez juré d’assises ?
04 janvier 2013, par Pascale Robert-Diard
Article mis en ligne le 22 mars 2013

(...) vous n’êtes ni membre du gouvernement, ni député, ni sénateur, ni magistrat ou fonctionnaire de l’administration pénitentiaire, vous compterez peut-être parmi ceux qui seront tirés au sort pour être juré d’assises en 2013.

Pierre-Marie Abadie est l’un de ceux-là. Ancien cadre de la Banque de France, il a eu la chance d’être retenu pour participer, en qualité de juré, à quatre procès d’assises. "L’expérience de juré est unique parce qu’elle est un acte rare de démocratie participative, sans représentant ni expert", écrit-il dans le précieux récit qu’il en a tiré, "Juré d’assises, témoignage d’une expérience citoyenne et humaine" (L’Harmattan).

De cette aventure qui l’a profondément marqué, Pierre-Marie Abadie reprend chaque étape. Depuis la lettre officielle qu’il a tenu "du bout des doigts comme on tient un objet dangereux", l’informant qu’il était convoqué pour une session de trois semaines devant la cour d’assises et que sa présence y était obligatoire - sous peine d’une amende de 3750 euros - jusqu’au moment où il se retrouve assis aux côtés des magistrats professionnels et investi "du terrifiant pouvoir de juger" sans y avoir été préparé. "Dans une société du travail où l’on gère les ressources humaines en fonction de compétences, d’évaluation, d’adéquation à un profil de poste et où la formation est un acte majeur, la situation du juré apparaît aux antipodes de tous ces marqueurs", écrit l’auteur.

La pression est d’autant plus forte que, dans ce rapport de forces qu’est le procès d’assises, le juré devient un objet de convoitise vers lequel convergent les regards du représentant de l’accusation, des parties civiles et bien sûr de la défense. "Il faut éprouver le regard de l’avocat sur le juré : il jauge, il épie, il évalue, il s’exhibe dans une parade de séduction que j’ai parfois trouvée triviale", poursuit-il.

De son expérience, Pierre-Marie Abadie est surtout revenu avec une conviction : le vrai pouvoir, dans une cour d’assises, ne s’exerce pas seulement à l’audience. Il en est un autre, moins connu, qui se joue dans les couloirs à l’heure de la suspension, autour de la machine à café et surtout, dans la salle des délibérés, ce lieu clos où se joue le sort d’un accusé. A ce jeu là, celui ou celle qui est revêtu de la robe et de l’autorité de président de la cour d’assises, peut se révéler redoutable. "Le président s’installe comme leader naturel du groupe, il en a l’uniforme, la capacité, l’autorité." (...)

lire aussi :
 Juré d’assises - "L’angoisse du pouvoir de juger" (le Point 15/01/2013)

 Juré d’assises (bibliographie) 5 janvier 2013

 Juré d’assises – Témoignage d’une expérience citoyenne et humaine (le crime.fr)

 Paroles de jurés (18 mars 2013)

 Les jurés d’assises à l’épreuve de la justice (Laurent Mucchielli)