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« Et ma lumière fut », par Philippe Corcuff
Article mis en ligne le 11 avril 2021
dernière modification le 10 avril 2021

Philippe Corcuff vient de publier un énorme livre de 670 pages dans lequel il entend faire toute la lumière sur les temps obscurs que nous vivons : La grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées [1]. Nous sortirions de notre rôle si nous tentions de rendre compte de cette encyclopédie du « confusionnisme » tel que l’auteur l’entend : seule nous importe la question de la critique des médias. Et sur ce point nous sommes copieusement servis !

Ô stupeur et consternation ! Alors qu’il nous semblait que des médias pouvaient créer d’innombrables confusions et contribuer à les diffuser, Philippe Corcuff ne semble pas s’en être aperçu [2]. Notre grand maître es-critique des médias ne dit rien de ce confusionnisme-là !

En revanche, il a beaucoup à pourfendre s’agissant de la critique des médias réellement existante. Cela occupe un sous-chapitre de quelques pages délicieusement intitulé : « La critique manichéenne des médias, de la gauche radicale à l’extrême droite » (p. 162-167). Si vous pressentez un généreux amalgame (confusionniste), vous ne serez pas déçus.

 Depuis plus de 15 ans (et cette fois encore), Philippe Corcuff, juché sur ses propres épaules de géant de la critique des médias, non seulement s’est borné à nous opposer des cours de sociologie des médias sans esquisser la moindre critique concrète des médias, mais surtout ne nous a opposé aucun argument précis, fondé sur les quelques 6300 articles publiés sur notre site.

En revanche, il avait en avril 2004, pour illustrer l’une de ses chroniques dans Charlie hebdo un titre faussement interrogatif – « Les journalistes sont-ils tous des vendus ? » – qui nous attribue généreusement des critiques qui n’ont jamais été les nôtres, illustrées par une liste de mots dont la plupart sont inventés par le petit trafiquant de guillemets. Ce qui permet à ce péremptoire adepte de la « complexité », d’abattre des fantômes sans jamais étayer ses affirmations sur la moindre analyse précise de ce qu’il condamne sans le réfuter. (...)

 Depuis plus de 15 ans (et cette fois encore), Philippe Corcuff décrète sans autre argument que sa hautaine suffisance que La Fabrique du Consentement de Noam Chomsky et Edward Herman était corrompu par le conspirationnisme. Le trafiquant en guillemets déjà évoqué plus haut réussi le tour de force de réfuter Noam Chomsky pour « conspirationnisme » grâce à quelques citations mal traduites, sorties de leur contexte et, parfois, abusivement tronquées.

À quoi répondait déjà notre article publié en 2006 : Corcuff et la « théorie du complot ».

Depuis, Corcuff a confirmé ses critiques indigentes et reproduit littéralement, en 2021, dans La grande confusion ce qu’il avait déjà écrit en 2008, dans la revue québécoise À bâbord !

Depuis plus de 15 ans‎, et cetera…

Mais cette fois, le pire est atteint. Corcuff soutient que notre critique a suscité l’existence de disciples concurrents qui partagent le même simplisme : « Largement de gauche au départ, la critique manichéenne des médias […] va faire des émules à droite et à l’extrême-droite. » Au fond, selon Philippe Corcuff, notre critique et celles de toutes les droites, parce qu’elles partagent les mêmes fondements, seraient équivalentes. Au point de les renvoyer dos-à-dos ?

Bravo l’artiste !