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Espagne en crise : chroniques de vies rétrécies, en attendant le pire
Article mis en ligne le 13 novembre 2012

A Soria, dans le centre du pays, ceux qui n’ont pas tout perdu se réfugient dans la famille. Ils apprennent à se passer d’un tas de choses, et d’abord de leurs ambitions.

(...) Amaya Egaña s’est suicidée à Barakaldo (Pays basque) alors que les huissiers allaient l’expulser. L’ancienne élue socialiste est la deuxième victime d’un cauchemar qui attaque l’âme d’un pays viscéralement attaché à ses « pisos » (appartements) : plus de 83% des Espagnols sont propriètaires de leur logement.

L’appartement, en Espagne, est le socle de la famille. « Tu ne te maries que lorsque que tu as trouvé la personne capable d’acheter avec toi l’appartement de ta vie », explique Bélen, 35 ans, la propriétaire d’un quatre-pièces dans une des « urbanizaciones » (nouveaux quartiers) qui ont fleuri aux marges de Soria, en Castille-et-León. (...)

« Tu dis que l’Espagne a coulé. Moi, j’ai le sentiment qu’elle est suspendue. En attente de pire encore. Je vois la vie en rétréci. Pas de projets, à part m’occuper de ma fille et apprendre à nous passer d’un tas de choses. Chaque mois un peu plus. Dans le fond, je pense que toute la vie sera comme ça désormais. » (...)

Entre 250 000 et 400 000 familles, étranglées par le remboursement des prêts immobiliers, ont été expulsées de leur logement par leurs banques depuis l’explosion de la bulle immobilière en 2008.}

En sortant de Madrid, on traverse des villes neuves fantômes, qui se rêvaient peuplées d’enfants, de bars à tapas débordants de jeunes gens verres à la main... « Se vende » (à vendre), partout.

Les banlieues tentaculaires de la capitale espagnole, débarrassées des grues qui trouaient le ciel il y a six ans, débouchent sans transition sur les plateaux de Castille, jaunes, pelés, magnifiques et désertiques, à peine troublés par quelques villages en phase terminale de dépeuplement. (...)