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La Rotative
Entendez-vous dans nos campagnes…
Article mis en ligne le 14 novembre 2015
dernière modification le 8 novembre 2015

Malville 1977, Sivens 2014. De l’ogre nucléaire au barrage pro-FNSEA. La centrale ne sera finalement pas construite. Le barrage, sans doute un peu plus petit et un peu plus loin. Demain, l’aéroport de Notre Dame des Landes. Le P’tit Rouge ouvre le débat.

(...) Il y a un an, donc, Rémi Fraisse était tué par une grenade en pleine cambrousse, lors d’une manifestation écolo , et tout de suite tout le monde ressort le cold case Creys-Malville.
C’était en 1977. Pendant des semaines avant la manif contre la construction du surgénérateur de Malville, Superphénix, le débat courait un peu partout : fallait-il y aller ou pas ?
Les organisateurs annonçaient une « marche pacifique offensive », à l’initiative en particulier du Comité Malville de Grenoble et de la coordination des comités Malville qui avaient leur journal Superpholix et Radio Active, une radio pirate.

Le discours dominant était belliqueux.La présence de la garde prétorienne trotskiste (les troupes bien organisées de la LCR et quelques autres) aussi bien que de militants allemands était claironnée, provoquant un sérieux pétage de plombs du préfet du coin en pleine conf’ de presse, parlant d « occupation par les boches » voyant débouler « la bande à Baader » (ceux qui ne savent pas ce que c’est, allez vous rafraîchir la mémoire sur Gogol, on ne va tout de même pas tout vous mâcher), et n’hésitant pas à ajouter « s’il le faut je ferai ouvrir le feu sur les contestataires ».
Tout le monde savait que l’ambiance risquait fort d’être particulièrement rock n roll. Ici, au P’tit Rouge, nous avions décidé de ne pas y aller, l’envoi de gamins pacifistes au casse-pipe dans la luzerne n’a jamais été vraiment notre truc et la dérive militaro d’une partie de ce que la grande presse appelait « l’extrême gauche » ne nous fascinait pas plus que ça.

La boucherie annoncée a eu lieu. Une centaine de blessés parmi les manifestants, dont deux qui ont sans doute tenté de renvoyer des grandes aux expéditeurs. L’un y laissera une main, l’autre un pied. Et un mort, qui s’est ramassé une grenade offensive en pleine poitrine (donc tirée à « tir tendu »). Le souffle lui explosera littéralement les poumons. Il s’appelait Vital Michalon. Le préfet, encore lui, annoncera peu après qu’il est mort d’une crise cardiaque.
Un flic aussi y laissera une main en tardant un peu trop à lancer sa grenade une fois dégoupillée. Pas eu le temps d’apprendre à compter jusqu’à 8. (...)

Trois manifestants bloqueront de la prison ferme, le préfet ne sera jamais inquiété.
Le frère de Vital Michalon a demandé l’interdiction des grenades offensives.
38 ans plus tard, il réitèrera sa demande après la mort de Rémi Fraisse.

38 ans plus tard, la police est la même, il n’y a pas de raison que ça change, et la « gauche » qui est provisoirement au pouvoir en ce moment nous prépare les nouveaux Sivens, les nouveaux Malville, il suffi d’entendre Manuel Valls, dans son rôle favori de pète-sec aux sourcils froncés, agitant la trique sous le nez des zadistes de Notre Dame des Landes, préparez les pansements, c’est pour bientôt.

38 ans plus tard, la désinformation est la même (...)

Une commission d’enquête de la Ligue des Droits de l’Homme apporte un éclairage assez dur à tout ça, et le replace dans un contexte d’étouffoir policier assorti de menaces incessantes, de violences physiques régulières avec la complicité des milices locales en toute impunité, et démonte en prime la désinformation constante.
http://www.ldh-france.org/rapport-commission-denquete-ldh-les-conditions-conduit-mort-remi-fraisse-sivens-octobre-2014/

Bon, une idée comme ça, et si on allait passer la nuit du nouvel an à Notre Dame des Landes ?