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En ville, redécouvrir les arbres qu’on ne voit plus
Article mis en ligne le 24 juillet 2014

" Plantons des arbres ! Nous voulons des arbres ! » Gilet jaune sur le dos, Ingrid Amaro conduit son petit groupe en claironnant de temps en temps dans le porte-voix. « Il n’y a pas assez d’arbres ! » Les passants tournent la tête, un peu interloqués.

ous sommes dans le quartier Quatre Chemins, aux frontières entre Paris, Aubervilliers et Pantin. Un carrefour routier bruyant, une bouche de métro et des commerces aussi animés qu’une fourmilière, puis des rues plus calmes sans coquetterie, mais pas sans charme.

« Un quartier génial, assure Ingrid avec son petit accent espagnol. Il n’a pas vraiment d’identité, il accueille beaucoup d’hommes qui ont quitté leur pays en espérant une vie meilleure, et qui vivent là en attendant leur famille. Il s’y passe plein de choses. » Il y a des bâtiments anciens à l’architecture parfois étonnante, souvent sales et noircis. La ville est trouée de friches, parsemée de murs à moitié déconstruits. Et puis il y a des arbres, ces arbres qu’on ne voit plus.

Les "héros urbains"

Ingrid les appelle « héros urbains ». Elle s’arrête, détaille leurs blessures, leurs cicatrices, leurs stratégies de défense, décrit les différentes manières de les planter et de leur donner un tuteur. Elle explique comment ils peuvent avaler peu à peu les grilles métalliques dans les replis de leur écorce.

« Ils souffrent des vibrations provoquées par le trafic routier, de la réverbération des bâtiments vitrés, des courants d’air, du tassement du sol, de l’encerclement de leurs racines et des arrachages d’écorce… Et pourtant, ils sont là », s’enthousiasme-t-elle. (...)