
L’Espagne est passé de 310 641 migrants accueillis en 2008 à plus de 250 000 personnes (entre étrangers et espagnols) qui sont sorties du territoire en 2013. C’est une donnée de plus qui montre la brutalité de la crise dont souffre le pays après l’éclatement de la bulle immobilière.
Le solde migratoire, qui est la différence entre immigrés et émigrants, a commencé à être négatif à partir de 2010, quand sont parties 42 675 personnes de plus que celles qui sont entrées. La tendance est allée en augmentant les années suivantes jusqu’à atteindre un pic démesuré de 251 531 personnes qui ont abandonné l’Espagne en 2013, selon l’Institut National des Statistiques (Instituto Nacional de Estadística, INE). Au premier semestre 2014, dernière période pour laquelle on dispose de données, le solde migratoire était toujours négatif.
Conséquence de ce solde migratoire négatif et du solde naturel (différence entre naissances |1| et décès), l’Espagne perd de sa population depuis 2012, ce qui n’était pas arrivé depuis que l’on dispose de données annuelles (la série statistique a commencé en 1971). C’est un autre contrecoup de la crise. Durant les années 2013 et 2014, l’Espagne a perdu plus de 300 000 habitants réduisant le total de la population à 46,5 millions et la tendance a continué en 2014. (...)
Le drame pour les Espagnols qui émigrent se voit aggravé par la politique du Gouvernement de Mariano Rajoy qui, depuis le 26 décembre 2013, nie l’assistance sanitaire à tout Espagnol qui part à l’étranger durant plus de 90 jours.
Voyant comment le Gouvernement traite ses propres ressortissants espagnols, il n’est pas surprenant de constater le traitement qu’il dispense envers les immigrés sans papiers, à qui il a retiré l’accès aux soins de santé primaires de la Santé publique espagnole en 2012. Trois ans plus tard, à la veille des élections, Mariano Rajoy a promis que les immigrés seraient de nouveau soignés dans les dispensaires, mais sans récupérer la carte sanitaire qui leur fut retirée, ce qui, dans la pratique, leur donnera le droit à un diagnostic mais pas au traitement. Récemment, le Gouvernement a annoncé qu’il préparait un décret pour réaliser des tests de langue, de valeurs constitutionnelles et socioculturelles espagnoles pour concéder la nationalité.
Parallèlement, l’Europe vieillit à grand pas. En 1960, l’âge moyen des européens était de 31,5 ans. En 2060, selon le quotidien El País, il s’approchera des 47,2 ans. L’Espagne était un des pays le plus jeunes en 1960. En 2060, il sera un des plus vieux avec un âge moyen de 49,7 ans. Avec un solde migratoire négatif, cet âge pourrait, selon Eurostat, atteindre 54,4 ans. (...)
Malgré les évidentes atteintes à l’État providence et aux droits dont souffre le peuple espagnol, le président du Gouvernement ne montre que complaisance face à sa gestion servile à une UE, comme nous avons vu, profondément injuste. (...)