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En Serbie, Groupe 484 se mobilise pour aider les migrants
Article mis en ligne le 27 septembre 2015

En Serbie, l’association Groupe 484, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, travaille depuis plusieurs années auprès des migrants pour leur apporter une aide juridique, sociale, et psychosociale. Elle milite aussi pour que l’Etat mette en place de réels dispositifs d’accueil. Robert Kozma, coordinateur, revient sur le défi que représente l’afflux massif de migrants depuis cet été

La Serbie, qui ne fait partie de ni de l’Union Européenne, ni de l’espace de libre-circulation Shengen, se trouve sur la route des migrants qui entrent dans l’Union Européenne via notre frontière avec la Hongrie. Mais depuis le 14 septembre, la Hongrie a fermé sa frontière et annoncé qu’elle allait recourir à l’armée pour repousser les migrants. Désormais, les migrants qui franchissent la frontière hongroise illégalement et sont arrêtés encourent une peine de trois à cinq ans de prison. Les points d’entrée légaux sont fermés, et ceux qui s’y présentent sont refoulés. (ndlr : A ce jour seul un point de passage a été ré-ouvert le 20 septembre).
Depuis la frontière avec la Macédoine, des bus sont désormais organisés pour transporter les migrants directement vers la frontière avec la Croatie, d’où les migrants tenteront de rejoindre l’Allemagne via la Hongrie ou la Slovénie, puis l’Autriche. Mais la Hongrie a muré en quelques jours sa frontière avec la Croatie. La Croatie demande maintenant à la Serbie de réguler les arrivées, et la tension monte entre les deux pays. Le risque est que le nombre de migrants coincés en Serbie grandissent, dans des conditions difficiles. (...)

A Presevo, près de la frontière macédonienne, nous avons vu de belles réactions de la population pour organiser l’aide aux migrants. A Belgrade aussi. A Konica, près de la frontière hongroise, c’était plus problématique. Les réfugiés n’étaient pas admis en ville.
Il y a une évolution, notamment dans les médias, qui ont véhiculé des images plus positives que ces dernières années. Je crois que la population n’était pas mécontente de se différencier de la Macédoine et de la Hongrie, où les gouvernements nationalistes ont recours à la police, et même à l’armée. La population a compris que les migrants étaient seulement en transit, et qu’il ne servait à rien d’aller contre eux. L’idée était d’organiser au mieux des distributions alimentaires, des abris et de les aider à traverser le pays. Il n’y a pas eu de groupes de citoyens organisés contre les réfugiés. (...)

Il existe 5 centres destinés à accueillir les demandeurs d’asile. Cependant ils ne sont pas situés près des frontières, où les points d’accueil manquent, et ils sont restés vides tout l’été ! C’est seulement pendant l’hiver que ces centres sont sur-occupés. Du fait des conditions météo hivernales très rudes, les migrants ont besoin de se mettre à l’abri. (...)

Groupe 484 tire son nom de l’accueil de 484 familles de réfugiés qui avaient trouvé refuge en Serbie après avoir fui la Krajina en Croatie à la fin de la guerre en 1995. La fondatrice fut Jelena Šantić, une danseuse de ballet et militante pour la paix de renom, qui a reçu le prix de la paix Pax Christi International en 1996. Le Groupe 484 a toujours travaillé pour lutter contre la xénophobie et la haine en Serbie. La situation des réfugiés de Croatie s’étant progressivement améliorée, l’association a ensuite travaillé avec les déplacés de la guerre du Kosovo, les expulsés de l’Union européenne, les Roms, et désormais les demandeurs d’asile et les migrants. (...)

Nous devons réagir et agir. Les migrants manquent de tout : de nourriture, d’eau, d’abri, d’endroits où se laver. Surtout que les conditions météo vont devenir de plus en plus difficiles. Nous demandons aux autorités de prévoir des abris plus grands, et d’octroyer vraiment un statut de réfugié.
Nous avons aussi des inquiétudes par rapport à la politique européenne. Nous savons qu’elle voudrait faire des pays qui entourent l’Europe des zones « tampons », pour retenir les réfugiés. L’Europe va-t-elle donner des fonds pour l’accueil des migrants ? Dans quelles conditions pourrons-nous les accueillir ? (...)