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Rue 89
En Russie, une parodie de justice pour coincer des manifestants
Article mis en ligne le 16 octobre 2013

« Il m’a assené un coup sur le torse, j’ai éprouvé de la douleur et j’ai reculé d’un pas. » Ce seul témoignage d’un policier a envoyé Sergueï Krivov, 52 ans, docteur ès sciences, en prison. Arrêté le 18 octobre 2012, il est accusé de participation à des troubles à l’ordre public et des violences contre des agents des forces de l’ordre. Il risque huit à dix ans en prison.

Il y a déjà passé une année. Ses coaccusés croupissent dans une cellule depuis plus de quinze mois parce qu’ils ont « saisi des policiers par la main » et leur ont ainsi « fait mal ».

(...) La plupart des détenus ne sont ni des militants, ni des combattants, ils ont simplement participé à une manifestation autorisée et face à l’usage disproportionné de la force par la police, ils ont essayé de se protéger et de protéger les autres. (...)

Vient l’audition des policiers, « victimes de ces violences ». Ils sont 76 en tout. Tous nient l’usage de la force, alors qu’une vidéo a montré des agents matraquant les manifestants et les frappant avec leurs pieds. Les deux procureures suggèrent aux policiers les réponses qu’ils doivent donner aux questions des avocats en hochant ou en secouant la tête. Elles envoient parfois directement ces réponses par texto. (...)

Tous les dissidents de l’époque soviétique ont toujours dit qu’un traitement forcé en hôpital psychiatrique est plus violent que n’importe quelle prison ou colonie pénitentiaire. On reviendrait ainsi, aujourd’hui, à ces vieux standards soviétiques d’une psychiatrie punitive.