
"On nous a abandonnés. Il n’y a plus de docteurs, plus d’hôpitaux. Et bientôt, plus de médicaments." A 70 ans, Anna Vendarenko s’inquiète : 30 ans après l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, l’Etat russe va couper ses subventions aux victimes des radiations.
Jusque là considéré comme "zone interdite", son village de l’ouest russe, Starye Bobovitchi, que les habitants ont refusé d’évacuer, a vu son niveau de radioactivité abaissé par décret présidentiel.
Conséquence pour sa population : l’aide financière de l’Etat, qui consiste en subventions pour les frais médicaux, en séjours en sanatoriums pour les enfants ou encore en programmes sociaux-économiques, va baisser drastiquement.
Pourtant, le niveau de radioactivité de la zone n’a que légèrement diminué depuis l’explosion de Tchernobyl, le 26 avril 1986, assure Alexeï Kisselev et Rachid Alimov, spécialistes de la radioactivité pour l’ONG Greenpeace.
Dosimètres à la main, ils mesurent le niveau des particules radioactives présentes sur la place principale du village. "1,7 microsieverts par heure (mkSv/h)... C’est plus de trente fois la dose maximale recommandée", s’étonne Rachid. "Il faudrait mieux ne pas s’attarder. Dire que des gens habitent ici", soupire Alexeï.
Au total, sur les 4.413 localités russes touchées par les répercussions de Tchernobyl, 383 verront dès juillet leurs subventions baisser comme Starye Bobovitchi et 558 ont été tout simplement radiées de la liste. (...)