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La Croix
En Grèce, les hôpitaux manquent de tout
Article mis en ligne le 2 août 2017

Le programme d’austérité pénalise aussi les hôpitaux où le personnel fait des miracles pour continuer à soigner les malades.

Iro, la quarantaine, fonctionnaire, se prépare à hospitaliser sa belle-mère. Une opération du cœur complexe, à l’hôpital Onassio, l’un des meilleurs des Balkans. Mais pour que son dossier remonte dans la pile des opérations prévues en cet été 2017, on l’a prévenue, « il va falloir donner un fakelaki », une « petite enveloppe ». Combien ? « Au moins dans les 1 000 € », dit-elle.(...)

Avant, le tarif pour une opération à cœur ouvert était de 8 000 € dans un moins bon hôpital. « Les médecins savent que les gens n’ont pas d’argent, alors ils s’adaptent. La crise a du bon !, relève-t-elle, mi-figue mi-raisin. Et au moins, à l’Onassio, je n’aurai pas à amener le papier toilette, le savon. Les draps seront changés, la nourriture correcte. »

Des soins payés par les familles

Iro sait de quoi elle parle. À Pâques, c’est son père, Grigoris, 71 ans, qui était hospitalisé pour une fracture du bassin, à l’hôpital Evagelismos, le plus grand d’Athènes. Mais, on lui a découvert un dysfonctionnement rénal, sur fond d’Alzheimer. Il a fallu le veiller jour et nuit. Se relayer à son chevet, prévenir les infirmières lorsque la perfusion arrivait à sa fin, le laver, le faire manger, lui masser le bassin, bref, le travail assuré en Grèce par des apoklistikes, des « infirmières » payées par les familles pour s’occuper exclusivement d’un malade. (...)

Mais avec un salaire de 900 € par mois, Iro, dont le mari est au chômage, n’en a pas les moyens. C’est la famille qui a assuré. Celle d’Athènes. Pas celle qui était encore au village, dans le centre du pays. Impossible aussi d’amener Grigoris dans l’hôpital de la région, car il a fermé, comme 10 autres hôpitaux et 850 cliniques de proximité, en raison de la politique d’austérité imposée au pays.

Des salaires versés en retard

La politique de « rationalisation » en Grèce a fait chuter les salaires des médecins et infirmières de 45 %. (...)

Les miracles, ce sont les familles qui les font, en ramenant à l’hôpital les médicaments de leurs parents décédés. Iro n’en revient toujours pas : « On m’a demandé ceux de mon père. Il s’agissait juste de compléments de fer ». En fait, selon le rapport de la Fédération panhellénique des travailleurs des hôpitaux publics (FPTHP), les hôpitaux manquent de tout. À l’hôpital de Volos, dans le Péloponnèse, « cinq malades atteints d’un cancer ont été renvoyés vers d’autres établissements, car le budget pour les chimiothérapies était épuisé ».

Grâce aux dispensaires bénévoles

Pour ces laissés pour compte, la seule solution vient des 40 dispensaires populaires, créés depuis 2011 dans tout le pays. Animés par des médecins volontaires et des bénévoles, et alimentés en médicaments et matériel par une chaîne de solidarité nationale et internationale, ils sont le dernier rempart avant la mort. (...)