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Le Monde
En Algérie, des accusations de tortures suscitent l’indignation
Article mis en ligne le 7 février 2021

Les avocates de Walid Nekiche, accusé, entre autres, de « complot contre l’Etat », dénoncent le traitement qu’il a subi dans les prisons des services de sécurité.

« Ils m’ont torturé. Agressé sexuellement. Ils m’ont enlevé ma dignité ». En trois phrases prononcées en pleine audience dans un tribunal de l’est d’Alger, lundi 1er février, Walid Nekiche, 25 ans, a brisé l’omerta et réveillé le spectre de la torture en Algérie.

Accusé, entre autres, de « complot contre l’Etat », et d’« incitation des citoyens à porter les armes contre l’autorité de l’Etat », l’étudiant, qui comparaissait après quatorze mois de détention provisoire, risquait la prison à perpétuité, réclamée par le procureur le matin même. Il lui était reproché une appartenance à un mouvement séparatiste kabyle – ce qu’il a toujours nié. (...)

Finalement condamné à six mois de prison pour une « possession de tracts » jamais présentés par l’accusation, Walid Nekiche a été libéré le soir même au terme d’une instruction et d’un procès qualifiés d’« ahurissants » par ses défenseurs, qui ont fait de l’audience un procès contre la torture.

« C’est la première fois que l’on fait face à une telle horreur concernant un détenu d’opinion et un jeune manifestant. Quand on voit ce qu’ils lui ont fait subir… », réagit Me Nassima Rezazgui, membre du collectif de défense des détenus d’opinion en Algérie. L’avocate met un mot sur la « dignité enlevée » à Walid Nekiche : le viol. (...)

découvert par une avocate alertée par d’autres prisonniers. « Je plaidais dans une affaire de détenus d’opinion quand une consœur m’a parlé d’un jeune étudiant détenu à la prison d’El-Harrache : “Il est dans un état lamentable, il a besoin d’aide”. J’ai alors découvert un jeune homme anéanti. Terrifié, abattu, absent », explique l’avocate Nacera Hadouche.
« Honte pour notre pays »

Un an après cette rencontre, Nacera Hadouche se rappelle le sentiment d’effarement et de dégoût qui l’a saisie à l’écoute du récit que lui fait l’étudiant de son parcours dans les geôles des services de sécurité. « C’est à nous qu’ils ont fait honte, pour reprendre une expression algérienne. Honte pour Walid. Honte pour nous, avocats. Pour notre pays… »