
(...) « Comment résister aux réalités actuelles d’un humain de plus en plus marginalisé par le paradigme comptable, la gestion numérisée, les techniques neuroscientifiques et la contrainte médicalisée ? Comment transformer la psychiatrie dans une société soumise et dominée par les lois de marché économique, dont l’État est le régulateur et le « bras armé » ? »
L’auteur présente succinctement un relevé de références théoriques (François Tosquelles, Lucien Bonnafé, Franco Basaglia…) du mouvement désaliéniste. Personnellement, je me souviens de l’impact de la lecture des ouvrages de Franco Basaglia.
Des dix points présentés par Jean-Pierre Martin, je souligne, la libération « des fous de leurs chaînes », la notion de « folie morale », celle de « santé mentale », « Elle combat la relégation par l’enfermement et propose un hygiénisme social qui associe le soin, la prévention et des droits humains pour les patients », la critique de l’hygiénisme, « Cette période hygiéniste va produire en Europe la perspective d’un homme nouveau, dont le résultat possible d’un eugénisme monstrueux se concrétise avec l’horreur de l’extermination des fous puis des Juifs par le nazisme, et sous le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui laisse mourir de faim 40 000 malades dans les hôpitaux psychiatriques » (voir les différents textes d’Armand Ajzenberg publiés sur le blog), la psychanalyse freudienne, la phénoménologie et une pratique de soin relationnel, les apports de la sociologie et de la psychologie, « Elles traitent d’une connaissance des individus déterminée socialement par les rapports et les codes sociaux », la psychiatrie de l’enfant, « des besoins humains de l’enfant, relationnels, éducatifs, de la parole et des droits de l’enfant », l’antipsychiatrie, « Son approche est la dénonciation des conditions de vie et de privation des libertés et le caractère inhumain de certains traitements (électrochocs) dans le soin psychiatrique »…
Le point 9 concerne les politiques de santé mentale à l’heure des politiques néolibérales, la transformation des services publics et de la protection en « entreprises marchandes concurrentielles avec le privé », la promotion de l’« hôpital-entreprise », les « logiques économiques et d’ordre, « extérieures », qui sont imposées aux soignants et aux patients », le retour pour la psychiatrie de l’enfant aux « techniques comportementales de dressage et de prescriptions médicamenteuses qui s’inscrivent dans le seul traitement précoce de handicaps à appareiller », les mesures de tutelles réduisant « le libre-arbitre du sujet », la régression déshumanisante…
Enfin le dernier point est consacré aux associations de santé mentale, aux associations de patient es, aux associations des familles, aux collectifs et aux syndicats.
« Ce petit guide fait apparaître clairement la nécessité de reconstruire un véritable service public de soin et d’accompagnement social, en lien avec le mouvement associatif d’entraide et de défense des droits ». (...)