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Greek Crisis
Ellipses
Article mis en ligne le 26 mars 2015

Au royaume des vulnérables, c’est sur l’inconnu que la divine crise règne en maître. Le quotidien athénien retrouve ainsi l’essentiel de ses rythmes... écorchés. Vies... d’en bas, détachées du futur et autant suspendues dans le vide, pour le commun des mortels bien entendu. “J’ai de nouveau éteint la télévision, je ne lis plus les journaux, tout est confusion et imprécision, tu devrais le faire aussi”, insiste un retraité dans un café de la place Omónia.

(...) Pour tous ces gens, comme pour bien d’autres, d’après ce que je remarque, le rendez-vous politique au sommet cette semaine, entre Alexis Tsípras et Angela Merkel, n’apporte guère de sens à leur destinée. Nous entrerions donc dans une nouvelle phase, autant inédite que les précédentes, où le mémorandum et la Troïka restent omniprésents, sans toutefois cette lourdeur désespérante de la “gouvernance” Samarás. Les Grecs, emmurés une fois de plus dans leurs difficultés quotidiennes, ils ne voient toujours pas d’horizon devant eux, sauf que personne ne regrette vraiment les gouvernements précédents. (...)

Cette période, aux épisodes indéfinissables, est autant celle du brouillage médiatique... enfin impeccable. D’une part, il y a cette guerre ouverte des medias du système établi des baronnies athéniennes, contre le gouvernement SYRIZA/ANEL, et d’autre part, il y a ces autres médias, proches de SYRIZA principalement, lesquels... s’adaptent (et d’ailleurs rapidement), à la nouvelle situation, jugeant par exemple très positive, la rencontre entre Alexis Tsípras et Angela Merkel, dont l’essentiel demeure d’ailleurs inconnu à nous tous illustres inconnus. (...)

Face à un tel foisonnement de nouvelles disparates, plus contradictoires que jamais, si empestées par les sédiments successifs de la réalité... virtuelle, et surtout autant pénibles à vérifier, Greek Crisis (accablé déjà par son... terrain participant toxique et autant par sa triste matérialité financière), adopte désormais une attitude plus... ésotérique, plus distanciée dans un sens. Le blog fera alors davantage dans l’ellipse... évitant ainsi (si possible) l’éclipse !

Paraphrasant à peine Norbert Elias, je dirais que cette attitude rappellerait un peu ces hommes des sociétés... préscientifiques, matériellement et cognitivement impuissants face aux “caprices de la nature”, ou face à ceux, imposés par la déréalisation des stimuli, la financiarisation des échanges (politiques, économiques, interpersonnels) alors comprise. La (supposée) science quant à elle, s’inscrirait certes dans un processus de distanciation et de contrôle des affects et, par conséquent, dans un processus de civilisation, et donc de logos. En réalité, ces hommes des sociétés... méta-scientifiques, les nôtres pour faire court, sont autant matériellement et cognitivement impuissants que les aïeuls.

Je remarque autant par exemple à travers les manifestations du temps présent, la stérile répétition chez certains, qui consiste à vandaliser les monuments ou les bâtiments (...)

Comme durant l’Occupation, les mêmes mécanismes psychologiques de la deshumanisation sont à l’œuvre, la survie coûte que coûte, la peur de l’immédiat et l’angoisse face à l’imprécision voulue (car imposée) du futur et des repères spatio-temporels et existentiels chez le plus grand nombre.

Les sans-abri, ou plutôt certaines personnes solidaires et expressives, dessinent parfois leurs “abris” et leurs “maisons”, ainsi précisément désignés sur les murs de la ville. Par les temps qui courent, c’est peut-être une manière d’expression mieux précise... que les (autres) slogans politiques. Les élections sont passées, SYRIZA gouverne (?), et l’espoir... n’est pas venu ! (...)

la journée de la fête nationale du 25 mars a été péniblement célébrée sous la pluie. Notre gouvernement avait voulu en faire une fête populaire, en plus du défilé traditionnel, au contraste des barrières filtrantes et de sécurité, d’après la pratique “d’accès restreint et sur invitation pour de raisons de sécurité”, inaugurée par les gouvernements précédents.

Pour une fois, c’est la pluie qui a gâché la fête et non pas la Troïka. Alors on progresse... au royaume des vulnérables. (...)