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"Elle est ma deuxième maman" : la rencontre d’Armel, jeune Ivoirien, avec Brigitte, bénévole bretonne
Article mis en ligne le 21 juillet 2022

Armel a quitté Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, à l’âge de 16 ans. À son arrivée à Paris, il se retrouve complètement seul et prend, au hasard, un train à la gare Montparnasse. Il l’emmènera jusqu’à Quimper, en Bretagne. C’est dans cette région qu’il rencontre Brigitte, bénévole d’une association d’aide aux jeunes migrants isolés.

"J’ai rencontré pour la première fois Brigitte il y a six ans, j’avais 16 ans. Je suivais alors les ateliers théâtre organisés par l’association dont elle faisait partie, Adjim. Je lui faisais souvent des petits comptes-rendus de ces cours que j’adorais. Il est arrivé plusieurs fois que je sois le seul élève à venir. On se retrouvait alors tous les deux et on discutait. C’est là que la confiance s’est installée entre nous. Elle m’a aidé à écrire mes premières histoires, et mes premiers sketchs.

Au bout de huit mois passés dans l’hôtel social où j’ai été hébergé pendant l’évaluation de ma minorité, j’ai reçu une réponse du département : je n’étais pas reconnu mineur. Cette décision m’a choqué, j’étais totalement abattu.

Alors que je n’avais nulle part où aller, Brigitte m’a recueilli chez elle. J’étais désorienté au début, et puis j’avais peur qu’elle me dise de partir du jour au lendemain. Mais elle m’a tout de suite rassuré : je pouvais rester autant de temps que je voulais. (...)

On a aussi eu beaucoup de discussions sur la place des femmes dans la société. Brigitte est très féministe. Dans sa cuisine il y a beaucoup d’affiches sur le droit des femmes. Elle m’a transmis ces valeurs.

"Tout le monde m’a accepté"

C’est elle et les membres d’Adjim qui ont fait les démarches pour me scolariser. (...)

À 17 ans, Brigitte et Adjim m’ont aidé à constituer un nouveau dossier pour mon recours devant la justice, après le refus de ma minorité. C’est eux qui ont contacté les autorités ivoiriennes et ont demandé mon acte de naissance. Grâce à ce document, le juge m’a finalement reconnu mineur. J’ai donc quitté le foyer de Brigitte pour un appartement géré par l’Aide sociale l’enfance (ASE), où je vivais avec trois autres personnes. (...)

J’ai fini le lycée en décrochant mon bac, mention ’bien’. J’étais très fier. Mais un nouveau problème est arrivé. À 18 ans, j’ai demandé un titre de séjour : il m’a été refusé. Et comme j’étais majeur, je devais aussi quitter le logement de l’ASE, où je vivais depuis un an.

Une fois de plus, je me suis retrouvé à la rue. Et une fois de plus, Brigitte m’a recueilli chez elle. Même si je l’adore, ce n’est pas vraiment ce que je souhaitais. Je voulais être indépendant, subvenir à mes propres besoins. J’étais très angoissé à l’idée d’être un poids pour elle. Là encore, elle me l’a répété : ’tu restes ici le temps dont tu as besoin’.

J’y ai passé toute ma première année de BTS. (...)

Même si désormais je ne vis plus avec Brigitte, notre lien est intact. On se voit toutes les semaines. Ce qui me touche le plus, c’est cette confiance qu’elle a en moi. J’ai un double des clés de son appartement. C’est moi qui vais arroser ses plantes quand elle n’est pas là. (...)

Mais surtout, je me souviendrai toujours du soutien qu’elle m’a apporté lors de la pire période de ma vie : le décès de ma mère, en décembre 2020. C’était horrible, car je me disais que la personne pour laquelle j’avais fait tout ça, pour qui je me battais tous les jours, n’était plus là. Comme toujours, Brigitte a été là pour moi. Aujourd’hui, c’est ma deuxième maman."