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Elinor Ostrom, le retour en grâce des institutions
À propos d’Elinor Ostrom, « Gouvernance des biens communs », De Boeck, 2010
Article mis en ligne le 17 novembre 2010
dernière modification le 15 novembre 2010

Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie 2009, est une parfaite inconnue en France. Le livre qui vient d’être traduit (« Governing the Commons ») est son oeuvre principale, or l’édition originale, qui date de 1990, est absente de la Bibliothèque Nationale de France. Même à Sciences Po Paris, ce livre est en magasin et non sur les rayons des salles de lecture. Le Nobel aura donc été décisif à cet égard.

Ostrom semble pourtant intéressante à lire à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle est une politiste. D’une certaine manière, elle symbolise donc le retour du politique dans le domaine de l’économie. C’est aussi une spécialiste des conflits de gestion des ressources naturelles. La reconnaissance que le Nobel confère à ses travaux attire donc aussi l’attention sur ces sujets.

(...) Les facteurs qui rendent les systèmes socio-écologiques « robustes » sont au nombre de huit : des frontières clairement définies (qui a droit de pêcher) ; des bénéfices proportionnés aux coûts (la quantité permise dépend du travail fourni, des matériaux, du capital) ; des règles issues des individus qui en participent, au moins de leur élite ; une « surveillance » (ceux qui surveillent le comportement des individus et le niveau de la ressource peuvent eux-même être surveillés, ce qui s’obtient notamment par le biais de rotation dans les tâches) ; des sanctions graduées (de la part des autres usagers ou autre) ; la présence de mécanismes de résolution des conflits rapides, accessibles et peu coûteux, que ce soit pour les conflits entre usagers ou les conflits entre usagers et autorités ; le droit des usagers à s’organiser eux-mêmes et à participer à l’évolution des règles ; et, dans le cas de systèmes de taille importante, des entreprises « imbriquées » (« nested ») dans le tissu local.(...)

Ostrom met en évidence cinq facteurs qui sont régulièrement présents dans les échecs (...)

Ce qui l’intéresse par-dessus tout est de montrer que les ressources communes peuvent être gérées de manière durable par des institutions auto-organisées et auto-gouvernées – cela, sans réellement violer les postulats de l’intérêt. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut la critique de l’institutionnalisme « ancien », notamment Geoffrey Hodgson, pour qui cette manière de voir est trop « utilitariste ».