Professeurs des écoles, employés du transport public, employés de la poste, ouvriers de différentes sociétés publiques, ou privées : tous ces groupes font actuellement des démonstrations de force donnant l’impression que le mouvement ouvrier prend des dimensions spectaculaires. Après la fin du mois du Ramadan et les vacances du petit Baïram, plusieurs secteurs ont organisé des grèves et des manifestations importantes. Les chiffres pour le mois de septembre ne sont pas encore disponibles mais les observateurs notent une reprise significative du mouvement de protestation, après un calme relatif en août.
Après la révolution, le mouvement ouvrier s’est organisé et considérablement développé. L’ampleur de certains mouvements est cependant inattendue. Les ouvriers du secteur public du textile (sous l’égide de la plus grande société du secteur à Mahalla Al-Kobra) sont désormais rassemblés dans une seule entité qui leur permet de faire entendre leurs réclamations d’une seule voix. Un pas considérable face à l’avancée de ces dernières années. (...)
Après la révolution, plus de 140 syndicats indépendants ont été fondés, contre 3 seulement pendant les mois qui ont précédé la révolution. « Ces créations de syndicats vont donner un nouvel élan au mouvement ouvrier après 60 ans d’unilatéralisme syndical sous l’égide de l’Union des ouvriers d’Egypte. Les syndicalistes vont dorénavant prendre en considération les intérêts des ouvriers et pas seulement ceux de l’Etat comme c’était l’habitude », espère Mohieddine. (...)
La nature des demandes qu’affichent les différents mouvements est pour beaucoup un signe de maturité. « Beaucoup de mouvements réclament une amélioration des services sur le lieu de travail. Ce sont des demandes générales que réclament d’autres membres de la société. C’est une évolution importante du mouvement », estime Khaled Ali, directeur exécutif du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux et défenseur de l’instauration d’un salaire minimum que beaucoup espèrent.
L’ampleur du mouvement de protestation est particulièrement significative au sein du corps professoral. En tête des demandes des enseignants figure le renouvellement des cadres du ministère de l’Education. Les professeurs estiment en effet qu’un certain nombre de membres de ce ministère sont largement corrompus. Une accusation qui n’étonne d’ailleurs que les accusés ... (...)
Beaucoup d’observateurs estiment que le mouvement ouvrier continuera son envolée. Certains n’écartent pas la possibilité d’une grève générale à moyen terme. Mais ces réclamations n’ont rien à voir avec les appels à la grève qu’ont lancés des mouvements de jeunes non liés aux milieux du travail. « La grève générale doit venir des lieux de travail et des syndicats. Le degré d’organisation que commencent à acquérir les différents mouvements laisse croire qu’une telle action coordonnée n’est pas impossible », estime Hicham Fouad. L’ampleur que le mouvement des professeurs prend chaque jour ou les nouveaux regroupements entre les ouvriers des sociétés publiques du sucre dans différents gouvernorats ne sont qu’un signe parmi d’autres.
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