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Amnesty International
Egypte : MON ÉPOUSE EMPRISONNÉE POUR AVOIR DÉNONCÉ LE HARCÈLEMENT
Article mis en ligne le 1er septembre 2018

En Égypte, Amal Fathy a été arrêtée le 11 mai pour avoir posté sur Facebook une vidéo dénonçant le harcèlement sexuel et critiquant le gouvernement égyptien pour son inaction ; elle a été maintenue en détention pendant 15 jours. Son mari, Mohamed Lotfy, 37 ans, chercheur sur les droits humains, témoigne.

En tant que chercheur sur les droits humains, j’ai interviewé de nombreuses personnes qui ont été jetées en prison, ainsi que des proches de ces personnes. Chacune de ces interviews m’a déchiré le cœur, mais je n’ai jamais totalement compris la douleur de ces personnes jusqu’à ce que cela m’arrive à moi aussi.

C’est mille fois pire que ce que j’avais imaginé.

Quand ma femme, Amal, a été arrêtée, j’ai été choqué et écœuré.

Elle n’avait rien fait de dangereux. Elle n’avait commis aucune sorte d’infraction. Elle n’avait fait que dénoncer publiquement le harcèlement sexuel. Mais en Égypte, si une victime prend la parole, c’est elle qui est punie, et non l’auteur des abus.

Chacun sait que la violence sexuelle est une réalité en Égypte et partout ailleurs dans le monde. Mais dans mon pays, ces abus sont devenus tellement habituels qu’ils ne sont pas dénoncés. Si quelqu’un refuse d’accepter ces agissements, c’est cette personne qui sera montrée du doigt.(...)

Depuis l’arrestation de ma femme, en mai, je dépose des recours contre son incarcération. Elle a obtenu une libération sous caution dans la première affaire, où elle était accusée d’avoir posté sur Facebook une vidéo condamnant le harcèlement sexuel.

Elle a ensuite été placée en détention provisoire pour « appartenance à une organisation terroriste », « utilisation d’un site Internet dans le but de promouvoir des idées appelant à commettre des actes de terrorisme », et « diffusion intentionnelle de fausses nouvelles susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique et à l’intérêt du public ».

Elle doit à présent être jugée, mais l’on ignore encore ce qui lui est exactement reproché. (...)

Ces accusations n’ont aucun fondement. Elles sont absurdes et ridicules. Amal est actuellement incarcérée. Même si elle dispose de l’essentiel pour survivre, je suis très inquiet.(...)

Nous ne comprenons ni l’un ni l’autre pourquoi elle se trouve là. Nous sommes des êtres humains et nous avons le droit de partager des idées et de communiquer nos espoirs et nos craintes afin d’améliorer nos existences. On doit nous donner la possibilité de parler librement et ensemble.(...)

Des sympathisants d’Amnesty International ont écrit des lettres, et cela réchauffe le cœur de voir autant de personnes se tenir à nos côtés dans un esprit de solidarité. Cela nous donne à tous les deux l’énergie suffisante pour tenir bon. Avec tous ces gens derrière nous, nous ne nous sentons pas isolés et nous ne baisserons pas les bras.(...)

Les autorités égyptiennes utilisent ces accusations contre ceux qui expriment des critiques et les journalistes dans le but de les réduire au silence.

Ma femme a courageusement dénoncé le harcèlement sexuel qu’elle a subi en Égypte et on devrait l’applaudir pour son courage, au lieu de la traîner devant les tribunaux.