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OrientXXI
Égypte. Le coup d’État permanent
Article mis en ligne le 16 avril 2019
dernière modification le 15 avril 2019

Le Parlement égyptien devrait adopter en début de semaine une réforme de la Constitution qui éradiquera les dernières conquêtes de la révolution de 2011 et permettre à Abdel Fattah Al-Sissi de rester au pouvoir jusqu’en... 2034.

Tout au long des six années qui ont suivi son coup d’État de 2013 contre le premier président égyptien civil, Abdel Fattah Al-Sissi en a orchestré plusieurs autres, politiques, sécuritaires, législatifs, constitutionnels et électoraux. Et il prépare actuellement un putsch constitutionnel qui lui permettra de rester en fonction jusqu’en 2034. Il a cependant, ce faisant, commis une erreur tragique. Non seulement il accorde aux militaires une couverture constitutionnelle pour le démettre de ses fonctions, mais il a aussi donné à tous ceux qui s’opposent à lui au sein et à l’extérieur de son régime un objectif qui comble leurs irréconciliables divisions. Sissi pourrait être victime de son propre fait, à l’instar des anciens présidents égyptiens qui ont amendé la Constitution pour consolider leur pouvoir et ont fini par le perdre.

Peu après le coup d’État, Sissi a annoncé qu’il ne se présenterait pas à la présidence. Il dirige pourtant le pays depuis lors. Moins d’un an plus tard, il trahissait sa promesse en annonçant sa candidature à la présidentielle et se retournait contre ses alliés laïcs, les éliminait du gouvernement et emprisonnait leurs militants. Au cours de son premier mandat de quatre ans et derrière l’écran de fumée de la « lutte contre le terrorisme », l’Égypte a connu la plus grande répression de son histoire moderne contre une opposition pacifique, qu’elle ait été islamiste ou laïque.

Pendant sa première année à la tête du pays, Sissi a mené un coup d’État législatif en promulguant des centaines de lois, dont beaucoup sont inconstitutionnelles. Le Parlement qui, selon un ancien conseiller de Sissi aujourd’hui emprisonné, a été composé par les services de renseignement, a approuvé ces lois en masse lors de ses premières sessions. À la fin de son premier mandat, Sissi a commencé à régler des comptes avec des officiers supérieurs de l’armée et de la sécurité. (...)