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Basta !
Egalité salariale, santé des travailleurs, droits des femmes : au Parlement européen, le FN vote contre ou s’abstient
Article mis en ligne le 16 mai 2019
dernière modification le 15 mai 2019

Aux élections européennes du 26 mai, le Rassemblement national de Marine Le Pen pourrait arriver en tête, comme en 2014. Il devrait dépasser les 20 % de voix. Dans toute l’Europe, des partis d’extrême droite travaillent à une large alliance pour constituer un groupe qui pourrait dépasser 80 députés au Parlement européen. Pour quelle politique ? Que votent les élus du Rassemblement national à Bruxelles et Strasbourg ? Ils se sont certes prononcés contre les récents accords de libres échange, mais aussi, et à chaque fois que cela leur est possible, contre toutes les mesures de protection des travailleurs européens.

Aujourd’hui, 15 députés du Rassemblement national siègent à Strasbourg au sein du groupe appelé « Europe des nations et des libertés ». L’extrême droite française s’y est alliée avec les élus italiens de la Ligue – le parti de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien –, ceux du FPÖ autrichien, de l’Ukip britannique – qui ont fait campagne pour le Brexit – et du PVV néerlandais, ainsi qu’une poignée d’élus d’extrême droite belges, polonais ou allemand. (...)

Grâce à la montée de l’extrême droite presque partout en Europe, de l’AfD allemande au parti espagnol Vox, le groupe pourrait compter près de 90 sièges, contre 37 aujourd’hui (sur 751 sièges, la sortie du Royaume Uni de l’UE ayant été reportée. Ce pôle des extrêmes droites deviendrait ainsi la quatrième force politique en Europe, après la droite conservatrice, les sociaux-démocrates, juste derrière le centre-droit néolibéral.
Secret des affaires : FN et LREM, même combat

Que voteront cette vingtaine de députés français du RN au Parlement européen ? Ils s’inscriront certainement dans la droite ligne de leurs prédécesseurs. En avril 2017, juste avant les élections présidentielles et législatives françaises, Basta ! avait décodé les positions des élus européens du Front national pendant les trois premières années de législature (voir l’article). Nous rappelions que le FN a soutenu la directive sur le « secret des affaires », directement inspirée par des cabinets de lobbying au service de grandes multinationales, qui empêche salariés, syndicalistes et journalistes d’alerter ou d’informer sur ce que les entreprises font, dès lors que leurs enquêtes mettraient en péril leur business.

Transposé en France par la majorité macroniste, ce « secret des affaires » a déjà été invoqué pour protéger un laboratoire pharmaceutique face au scandale du Levothyrox, dénoncé par le site Les Jours, ou pour entraver une enquête du Monde sur les « Implant Files ». En Allemagne, il a servi à poursuivre en justice un journaliste ayant enquêté sur une affaire de fraude fiscale. Cela, en partie grâce aux votes des élus FN/RN. Ceux-ci s’étaient aussi désintéressés des discussions et votes en commission sur les accords de libre-échange avec les États-Unis et le Canada. Et se sont opposés à une résolution pour lutter contre la désindustrialisation en Europe.
Égalité salariale entre hommes et femmes : Le RN vote contre (...)

En mai 2018, c’est contre l’égalité de traitement pour les travailleurs détachés que votent les élus d’extrême droite. (...)

Mettre fin au dumping social des travailleurs détachés : le RN s’abstient

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Face aux cancers professionnels qui frappent les ouvriers : le RN s’abstient (...)

Le Parlement européen s’est aussi récemment prononcé sur deux nouveaux accords de libre échange, avec le Japon (le Jefta) et avec Singapour (au sujet de cet accord, voir notre article). Les élus du RN semblent davantage s’intéresser à la question des accords commerciaux à l’approche du scrutin que lorsqu’il s’agissait de se mobiliser contre les traités de libre-échange avec le Canada et les États-Unis. Le 13 février, ils votent contre l’accord avec Singapour, comme l’ensemble des élus français des groupes verts et de la gauche radicale, ainsi qu’une partie des socialistes. Les libéraux et la droite votent pour.
Émancipation des femmes : Le RN vote contre

Le RN s’oppose systématiquement à toute mesure d’égalité entre femmes et hommes. (...)

D’ailleurs, plusieurs d’entre-eux ne cessent de rappeler leur vision de la « famille traditionnelle » [5] – comme le député RN Gilles Lebreton lors d’une intervention dans l’hémicycle européen en 2016 – et en faveur d’une « politique nataliste » qui se veut surtout anti-immigration, comme le défend la députée RN Marie-Christine Arnautu [6], en prenant exemple sur les discours de Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, et de Matteo Salvini en Italie. Bref, pour le RN, même quand il s’agit de réduire les inégalités, rien de ce qui vient de l’Europe n’est bon à prendre.